3. D.J. Trump

Le retour à Mar a Lago fut pénible et douloureux.
Singulièrement pour Mélania et Baron qui durent subir les sautes d'humeur de Donald ; il alternait les périodes d'accablement et les moments d'espoir voire d'euphorie quand , avec Stove et Giuliani , il s'imaginait réélu , de retour à la Maison Blanche en 2025.
Donald Junior travaillait à la mise en place des financements.
Jared Kushner passait la plupart de son temps à New York malgré leur immense villa en Floride.
Il était très occupé à la mise en place d'un crédit de 6 milliards de dollars pour espérer sauver le groupe immobilier , dont , comme son beau-père , il avait hérité de son père Charles.
Celui de Jared était désormais libre de ses mouvements depuis sa sortie de prison.
Aux dernières discussions , le crédit serait syndiqué auprès de 2 banques : une israélienne et une saoudienne
Pour services rendus disaient les mauvaises langues et , ou , les spécialistes des arcanes de la politique étrangère de Washington sous le mandat de Trump.
Jared n'avait pas ménagé sa peine , nombreux voyages au Moyen Orient , contacts multiples à New York et dans la capitale.
Son beau père lui avait laissé tout pouvoir sur ces dossiers au grand dam du Secrétariat d'État.
Jusqu' et y compris son plan sur le Moyen Orient annoncé en grandes pompes à Bahreïn , comme pour ré équilibrer des orientations objectivement pro Israëliennes.
Plan qui avait fait long feu.
Le président éprouvait une fascination pour ce gendre idéal qui avait obtenu de sa fille préférée sa conversion religieuse avant de l'épouser.
L'ex Président était très préoccupé depuis qu'il avait reçu la visite , en Floride , de Leonid Backchov , dont il comprit vite qu'il avait été envoyé par Vladimir Poutine , et ses services.
La situation était simple : au début des années 2010 , alors au sommet de sa gloire médiatique et immobilière , Donald s'était rendu plusieurs fois en Russie , accompagné de son fidèle Rudolph Giuliani.
Rien n'arrêtant sa mégalomanie , il s'était mis en tête de réaliser , avenue Tchernohiv , à qqes centaines de mètres de la Place Rouge , une opération immobilière d'envergure comprenant une Trump Tower , ensemble de bureaux et logements de luxe comme il l'avait fait , avec succès , près de Central Park.
Les 2 premiers niveaux devaient accueillir un centre commercial qui se révèlerait comme le plus grand et luxueux de toute la Russie.
Aux derniers étages étaient prévus plusieurs duplex et un immense triplex , 750 m2 , vue sur le Kremlin.
La propriétaire était choisie : Alina Kabaeva, la compagne depuis plusieurs années de Vladimir Poutine.
À l'occasion de sa 4 ème visite , Donald Trump avait été mis en contact avec 2 hommes d'affaires , proches des cercles du pouvoir et de la mairie de Moscou.
Il avait été entendu qu'ils faciliteraient la totalité des démarches administratives , permettant la réalisation de la Moskva Trump Tower.
Le contrat était de 50 millions de dollars.
Le soir de la signature , les deux hommes invitèrent Donald , Rodolphe et Jared , du voyage cette fois-ci , au White Rabbit , l'un des restaurants les plus huppés de Moscou où l'on croisait de nombreuses personnalités des affaires et de la politique.
Les 2 Russes arrivèrent accompagnés de Tatiana et Svetlana , 2 beautés extatiques , à couper le souffle , comme on peut en rencontrer en ex URSS.
Donald passa un diner inoubliable , vodka aidant , les 2 femmes ayant une pratique professionnelle et irréprochable de ce genre de rencontre , à haut niveau.
Elles s'exprimaient correctement en anglais , avec un accent marqué , qui lui rappella Melania , son inimitable intonation slovène , et son vocabulaire dramatiquement limité.
Un peu après minuit , légèrement titubant , il rentra avec elles au 23 ème étage de son hôtel , le Ritz Carlton .
Il tenait chacune par la taille , et refermant la lourde porte de la suite 2324 , il scella son destin , refermant sur lui son propre piège , pris , repris par ses démons.

Vladimir Poutine aimait contempler cette boîte d'acier où ses services avaient déposé la cassette vidéo des exploits , ou plutôt des non exploits , du futur Président des États-Unis d'Amérique.
Peu importe d'ailleurs , l'essentiel était dans les scènes pathétiques , où on le suivait , traversant , tenu en laisse et aboyant , l'immense salon ,  avant de s'effondrer dans le jacuzzi bouillonnant.
La suite était à l'avenant , confirmant toutefois la médiocrité des performances du grand séducteur new yorkais.
Sergueï Lavrov , ministre des affaires étrangères , avait pu visionner cette pièce diplomatique ; il avait ensuite éteint l'écran géant de son bureau dans un sourire rare et entendu ; il sortit un Monte Christo de son étui d'argent , poche intérieure du costume gris perlé Armani qu'il affectionnait.
Qqes semaines après la prise de fonction et l'investiture , un dîner réunit à la Maison Blanche le couple Trump et l'ambassadeur Russe aux USA accompagné de Madame .
Pendant que les épouses péroraient à la fin du repas , Victor Veachoff informa le Président de l'existence de la cassette infiniment compromettante.
La soumission de Donald Trump , pendant tout son mandat , et son suivisme de la politique russe attinrent leur paroxysme le 16 juillet 2018 , à Helsinki , au terme d'une rencontre humiliante avec Poutine et Lavrov.
Pressé de commenter la rencontre , l'américain déclara : " mieux que super "

Trump avait une grande capacité à croire à sa bonne étoile , à une forme d'immunité et à se lancer dans une succession de nouveaux projets mégalomaniaques.
Au cours de sa première rencontre à Singapour , le 10 juin 2018 avec Kim Jong Un , il lui avait présenté un cassette , décidément... , contenant un projet de golf au centre de Pyongyang , accompagné d'un ensemble de villas , sorte de condominium à la nord coréenne.
La sœur du Président , Kim Yo Jong , prenait des notes , sourire entendu .
Cette présentation avait bousculé l'ordre du jour , reléguant au second rang la question des missiles sol air ICBM coréens de nouvelle génération.
À Hanoï en 2019 , nouvelle rencontre au sommet.
Le Président s'amusait de la coiffure de Kim et avait fait réaliser par ses services un photo montage où on le voyait , lui , coiffé à la Kim , bien dégagé sur les côtés.
Le nord coréen goûta très modérément cet humour potache et demeura silencieux tout le reste du sommet.
Mister Kim , comme l'appelait Donald Trump en lui tapant sur l'épaule et lui broyant la main comme il aimait à le faire , prit des voies diplomatiques et orientales pour gagner du temps et remettre sa réponse à leur prochaine rencontre.
Qui n'eut jamais lieu.

Ainsi allait Donald Trump.
Passant d'un projet improbable à l'autre , mêlant allègrement ses affaires immobilières et personnelles  et celles de la plus grande puissance mondiale , osant , ainsi l'offre au Danemark de rachat du Groenland , jamais humilié , toujours indéfectiblement optimiste , chef du clan familial qui régentait l'organisation et tant de décisions à Washington

La famille Trump justement , les 2 femmes les plus importantes , Melania et Ivanka.
Nouvelles vies depuis la Maison Blanche , enfin libres...

À suivre.