Turkey Georgia June July 2023 (FR)

À Cizre , je m'arrête au Dedeman Hôtel , le long du Tigre et des plaines verdies par ses eaux , au milieu d'un environnement déjà brûlé par le soleil en ce début d'été.

C'est assez luxueux , piscine , bons repas , vaste chambre , mais :

C'est la première fois depuis le début en mai que je m'offre une belle halte , et

Je suis vraiment arrivé épuisé par cette journée et la traversée de la frontière.

La chaleur sur la route est redoutable.

D'abord la moto elle-même , le moteur , deviennent brûlants ; je me blesse une fois...

La route renvoie une température très forte , au moins 50 degrés

Je m'arrose souvent , quitte parfois à tremper intégralement mes vêtements dans l'eau ; Ils sèchent en quelques minutes avec le vent et la vitesse , quelques minutes de répit avant le prochain arrêt

Je m'hydrate beaucoup , plusieurs litres , indispensable , mais je détraque ainsi ma digestion pour plusieurs jours.

J'avais aussi décidé de ne pas rouler entre 11 heures et 16 heures : je ne tiens pas , je mets du temps le matin à partir , boucler les bagages et les installer sur la moto ; et j'ai souvent de longs trajets ralentis par les innombrables arrêts photos.

Alors vive l'altitude du plateau anatolien oriental , qui monte au-delà de 2 000 mètres , et ses températures enfin rafraîchissantes supportables.

Lundi matin , je repars direction Kars , au nord , où je suis déjà passé à l'aller , proche de la frontière géorgienne.

700 kms en 2 jours avec une nuit Ă  Tatvan.

C'est beaucoup

C'est long , environ 15 heures

C'est somptueux , plaines vertes d'altitude à l'infini , vallées encaissées , villages avec chacun leurs minarets.

À Bitlis , je me trompe d'embranchement d'autoroute et reviens en arrière , à l'envers , sur la voie d'arrêt d'urgence.

J'ai déjà vu faire ici...

Bientôt un convoi de gros véhicules noirs , sirènes , au milieu Mercedes , drapeau turc à l'avant : ils ne sont pas ravis de me voir là mais ils foncent.

C'est Erdogan retour d'une visite dans la province.

Il ne s'arrête même pas pour échanger , de la pure et désinvolte ingratitude

À chaque station d'essence , le thé est offert à l'ombre , questions , voyage , moto , prix , toujours accueillants et curieux.

J'avais sous estimé comme elle entraînerait intérêt et curiosité.

Je rejoins des motards Turcs sur leur Triumph , ils m'expliquent qu'ils me connaissent déjà par les photos qui circulent sur internet ; mon quart d'heure de célébrité.

Enfin.

En redescendant un des innombrables cols , je m'arrĂŞte dans une auberge sous les arbres , bassin autour duquel jouent des enfants.

Les hommes sont allongés pour le thé sur des matelas surélevés , à environ un mètre du sol.

J'en rejoins deux.

On papote en turco mains.

Ă€ un moment , le plus volubile s'empare d'une sorte de micro lumineux , qui amplifie avec Ă©cho et accompagnement musical sa voix.

Incroyable , j'adore , je veux le mĂŞme...

L' Aïd el-Fitr , fin du ramadan approche , il n'est pas rare de croiser de grands troupeaux qui traversent les villages , souvent emmenés par des jeunes ou des enfants.

J'avais oublié la météo turque de fin d'après-midi , imprévisible et capricieuse.

Avant Kars , je traverse deux gros orages , mais arcs en ciel et couleurs d'après tellement magiques.

À Kars , les rues sont envahies d'au moins 30 cms d'eau mais ça passe , la garde est assez haute.

C'est émouvant de se retrouver au Konak Hôtel , face à l'immense et nouvelle mosquée pas encore ouverte aux croyants.

Tout a changé depuis mon passage ici le 4 juin , et tout est le même également.

Je prends le petit déjeuner avec un couple néo zélandais , Susan et Ric , elle enseigne l'italien et écrit , lui mécanicien auto.

Ils arrivent d'Ouzbékistan et rejoignent l'Angleterre en 6 mois.

Ils finissent de me convaincre de me rendre sur les deux îles , après l'Australie.

La ville est déserte , les rues vides de toute circulation , fête religieuse oblige.

En 3 heures , je suis à la frontière turco géorgienne.

Très peu de monde.

Formalités assez faciles , j'achète une assurance locale pour deux semaines , quelques euros à la première station essence en entrant en territoire géorgien.

Retour ici après une quinzaine d’années.

J'aime bien la GĂ©orgie.

J'avais un peu arpenté :

Tbilissi , Telavi , Gori , Borjomi , et les montagnes de Svanétie au Nord Ouest , 5/6 000 mètres , frontière Russe et le sommet Elbrouz , 5 643 mètres , qui dit mieux en Europe ? ; surtout les innombrables tours de garde en pierre sèche , carrées , hautes , très hautes.

Et puis ces bâtiments d'architecture soviétique , la population accueillante , la nourriture , le vin ...

Je passe ma première nuit géorgienne à Borjomi , ville d'eau y compris gazeuse à volonté qui sourd , en l'état , du moindre rocher dans les parcs environnants.

J'arrive à la nuit tombante , j'ai voulu bien avancer depuis la frontière pour être à Tbilisi tôt le lendemain.

Borjomi Palace : c'est une ancienne résidence des Romanov qui avaient également un Palais en ville , Likavi , et qui venaient en cure ici. On a transformé en hôtel , conservé leur suite , qui peut être louée , moquette rouge , colonnes , peintures pastel allégoriques , meubles un peu kitch , comme un peu partout ailleurs dans l' établissement qui est rempli à 80 % de kazakhs.Ils aiment se retrouver ici , verdure , parcs , fraîcheur relative.

Un avant goût de la suite pour moi.

Ça se balade un peu partout en peignoir : bains , soins , massages : bon enfant.

Le matin , vue sur les montagnes environnantes et leurs sapins , grand soleil.

Je fais un tour au marché : tomates , cerises , fruits rouges , champignons , fromages , charcuteries fumées , comme dans les Carpates Ukrainiennes , des babouchkas géorgiennes qui échangent entre elles et des prix dérisoires pour nous.

J'arrive dans l'après-midi à Tbilissi.

J'ai oublié un épisode turc.

À Safranbolu , au début du voyage , je rencontre au restaurant 3 étudiants iraniens venus travailler ici.

Lui la trentaine

Elles , jumelles , identiques absolument

Physique , vĂŞtements , mouvements.

Elles ont une vingtaine d'années , Elnaz et Elahah.

L'une est plus réservée.

Je les observe attentivement , sans pouvoir déceler la moindre différence physique.

Elles m'expliquent leur gémellité : tout est pareil et ensemble : études d'ingénieur , même chambre , jamais séparées , habits identiques...

Je les emmène sur le terrain de l'amour : pas d'hésitation , elles trouveront , vraisemblablement avec internet , des jumeaux.Je crois comprendre à demi-mots que c'est déjà arrivé.

Je leur parle de Diane Arbus et ses photos de jumeaux et jumelles.

J'aime leur mélange de candeur et de détermination.

Nous continuons de correspondre. , mon frère jumeau est toujours silencieux.

La Géorgie , autrefois partie intégrante de l'URSS , est indépendante depuis 1991.

Staline y est né , à Gori , elle fait la taille d'une quinzaine de départements français , 3 à 4 millions d'habitants.

Il y a une quinzaine d'années , à ma première venue , les villages arboraient son buste , et dans sa ville natale , on visitait sa maison d'enfance et son train privé , plus une immense statue en pied au plein centre.

Chevardnadze également , ministre des affaires étrangères de 1985 à 1990 sous Gorbatchev puis Président ici , de 1995 à 2003.

En 2003 donc , à la suite d'élections contestées , Chevardnadze doit partir , remplacé par Saakachvili , Révolution des Roses.

Étonnant parcours de ce dernier :

Il fut un réformateur un peu brutal , clairement pro-européen , détesté de Poutine.

Il quitte le pouvoir en 2013.

Il obtient la nationalité géorgienne en 2015 et devient gouverneur de l'Oblast d'Odessa.

Après de nombreux atermoiements , il rentre en Géorgie en 2021 , où il est arrêté , 8 ans de prison pour des malversations pendant sa présidence.

Il est apparu récemment , totalement amaigri et méconnaissable , Navalny géorgien ; le pouvoir refuse d'accéder à toutes les demandes de grâce ukrainienne.

Il est désormais comme un symbole et un enjeu de l'affrontement entre l'Ukraine et la Russie.

La Russie s'est emparée en 2008 de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie qu'elle contrôle aujourd'hui , l'ogre Russe.

Le pays est dirigé par un Premier Ministre pro russe , Irakli Garibachvili , et une Présidente plus dans une posture de pouvoir allemande ou italienne : Salomé Zourabichvili. Née en France , de parents immigrés , études brillantes , diplomate , notre ambassadrice ici nommée par Jacques Chirac en 2003.

Elle acquiert la nationalité géorgienne la même année.

L'homme fort reste le milliardaire homme politique , brièvement Premier Ministre , 2012/2013 , Bidzina Ivanichvili. Fortune estimée à plusieurs milliards de dollars , maison , palais, par l'architecte japonais Takamatsu , qui domine toute la ville.

Le pays est divisé :

Pro russes , environ un tiers , campagnes , anciennes générations.

Pro occidentaux , urbains , deux tiers , les plus jeunes.

Beaucoup de russes ont récemment émigré ici , tout près , vols directs , plus de visas , pas de risque d'engagement militaire ; pas les milliardaires qui vont ailleurs et partout , là où on les laisse désormais entrer.

La Russie , au bénéfice de la Géorgie et de bien d'autres pays , est en train de perdre une partie de ses forces vives.

Je rencontre beaucoup de jeunes de la tech ici.

Les géorgiens se plaignent des prix de l'immobilier qui flambent.

Je passe quelques jours sur les pas de S. qui m'a précédé de quelques jours , mêmes endroits souvent.

La cuisine est bonne : hier soir , champignons frits accompagnés d'une herbe qui a le goût du fenouil , légumes en vinaigrette , vin blanc , et un Napoléon , mille feuilles avec des fraises autour.

Il y a un grand intérêt pour l'architecture : Ministère de l'intérieur , Palais de Justice , Music Hall , Bâtiments du Procureur , après les géométries brutales et efficaces de l'ère soviétique.

Sur les hauteurs de la vieille ville , maisons de bois , balcons ouvragés , je m'installe à View and More , terrasse spectaculaire sur toute la ville , traversée par la Koura qui file vers la Mer Caspienne au sud de Bakou.

Sophio , géorgienne , assiste à un mariage dans le musée des écrivains que je visité , elle ressemble à Sade ; Nora , économiste arménienne à Moscou voyage avec sa sœur , mélange de Pénélope Cruz et de Juliette Binoche , fatale.

Les deux acceptent de poser.

Elles ont l’habitude.

Il me reste une petite semaine avant mon vol de retour , de Kutaisi , 9 semaines de voyage depuis l'arrivée le 8 mai à Istanbul.

Ă€ Tbilisi , on me conseille d'aller Ă  Sighnaghi , plein Est , au delĂ  de Telavi.

Début juillet , grand beau , route confortable , je m'arrête plusieurs fois , chaque fois invité à déguster les kinkalis , gros raviolis , les khachapuris , pâte fourrée de fromage surmontée d'un oeuf , les badrijani , aubergines fourrées aux noix , puis salades , tomates , je craque sur un petit stand pour des fraises et des figues précoces

Sighnaghi , petit village sur un promontoire qui domine l' immense vallée de l' Alazani et les montagnes du Caucase au loin.

On pourrait se croire en Italie , avec les toits ocres , le clocher , presqu un campanile , de l église orthodoxe et les rues de pavé , escarpées

En arrivant , à l'entrée du village , je m' arrête dans ce que je crois être simplement un café avec une vue exceptionnelle , Kanudosi.

La terrasse donne sur Sighnaghi et au-delà la vallée.

La propriétaire est adorable et parle anglais

Je comprends qu'il y a des chambres , un restaurant et une cave Ă  vin.

Je reste

Peu de clients , le calme absolu , je peux lire et Ă©crire jusque tard dans la nuit caucasienne.

Ma chambre , vaste , donne sur une terrasse avec vue , comme la salle de bains d' ailleurs , on pourrait être à Olmeto , à la mer près.

Je demeurerais aisément plusieurs jours , tant tout concourt à faire de l'endroit un lieu magique , une halte rare.

A retenir , Kanudosi , Sighnaghi , Géorgie , juste à l'extrémité orientale de la Mer Noire.

La vallée de l'Alazani est large , une douzaine de kilomètres , entre les hauteurs de Gombori au sud et les monts du Caucase au nord qui bordent la frontière méridionale de la Russie , la Tchétchénie et Grozny sont à une centaine de kilomètres.

L'essentiel de cette vallée est planté de vignes , bien entretenues , petites exploitations , parfois plus grandes avec des bâtiments modernes , et même une architecture assez sophistiquée.

À Nekresi Estate , en bordure d'une longue allée de platanes ombragée , je m'arrête dans un bar , propriété du domaine , très grande pièce moderne , cheminée , des centaines de bouteilles de vin et d'alcool , canapés confortables.

Auparavant , j'ai rencontré à Kvareli , le propriétaire et son ami , d'une Dniepr de 33 ans : c'est un side-car fabriqué à Kiev par Ural , les russes.

Un peu plus rustique que la mienne , même couleur , moteur impressionnant dépassant de part et d'autre des deux côtés , on dirait un BMW.

On se retrouve sur la route du monastère Nekresi pour faire des photos.

Le matin , vers Gurjaani , en plein centre ville , la circulation est détournée , rue barrée , police , ambulance , attroupement : il vient d'y avoir un meurtre.

Je dors Ă  Lechuri.

Ici la route en dur s'arrĂŞte.

C'est le début du Parc Tusheti , montagnes du Caucase encore enneigées , vallées spectaculaires de profondeur, route de terre étroite le long des flancs escarpés.

Tôt le matin je démarre , objectif Omalo , le principal village à 70 kms , 4 heures de route , annoncé.

Très vite , en longeant la vallée encaissée et la rivière bouillonnante et impétueuse , la route s'élève , beaucoup de pierres , ça passe au milieu de l'eau qui descend et traverse.

C'est pentu , de plus en plus

Ça passe , au début

Elle chauffe , beaucoup maintenant.

Au kilomètre 14 je m'arrête.

Je n'arrive plus à avancer , ça glisse sur les pierres humides , la pente se raidit.

Je me gare dans le sens de la descente en bordure de ce qui s'apparente désormais plus à un chemin qu'à une route.

Inutile de poursuivre , je vois au dessus , les montagnes sont impressionnantes et ça ne passera pas , je ne veux ni glisser ni forcer le moteur.

Ça irait avec 2 roues , pas 3.

Quelques instants plus tard , un mini van s'arrête à ma hauteur : ils montent avec un chauffeur local , expatriés français de Tbilissi , enseignement et organismes financiers , emmenés par Servane qui a organisé l'expédition tout là haut , au-delà d'Omalo , camping et randonnée à cheval.

Gentiment ils me prennent Ă  bord.

Il nous faut près de 4 heures pour franchir les 50 kms qui nous séparent d'Omalo.

Au début nous suivons la vallée encaissée , la végétation est presque luxuriante , l'eau est partout , dans la rivière , torrent impétueux au fond et le long des parois abruptes qui suintent abondamment.

Pas de regret , beaucoup de passages ne m'auraient laissé aucune chance , eau , pierres lisses , pente excessive.

Bientôt le paysage s'éclaircit , laissant la place à ce que nous décidons d'appeler des alpages , prairies dégagées , quelques bosquets de sapins épars.

Surtout un ciel bleu entre les nuages qui s'estompent avec le soleil et l'altitude.

Et plus encore , des pentes ahurissantes , comme une verticale qui plonge vers la vallée , notre route s'accrochant tout le long à ces versants vertigineux.

Certainement une des voies d'accès les plus spectaculaires avec certaines que j'ai empruntées en Bolivie , au Pérou , et au Ladakh.

Le col Tusheti est à plus de 3 000 mètres , 2 000 donc de dénivelé depuis notre départ.

On replonge vers l'autre vallée après un café et des gâteaux , si haut perchés.

Au loin les Monts du Caucase , sommets enneigés.

Vers 13 heures , nous atteignons Omalo , enfin.

C'est un petit village de montagne , totalement isolé l'hiver , qui revit en cette saison chaude.

Quelques hébergements , hôtels modestes et guest houses.

Nous grimpons vers les tours de guet en pierre sèche , carrées , une dizaine de mètres en hauteur.

Elles font penser à celles de Svanétie , un peu moins hautes ici

Je laisse mes compagnons poursuivre vers un autre village plus haut , Dartlo , randonnée à venir , à pied et avec des chevaux.

Un thé en terrasse qui domine le paysage à 180 degrés , vallées verdoyantes , montagnes qui se détachent au fond , calme , c'est somptueux , la Russie et le Caucase en bordure d'ici.

Je trouve une navette qui redescend en 3 heures vers le bas.

La moto m'attend sagement.

Reconnaissante de ne pas l'avoir menée plus haut.

Qui veut aller loin ménage sa monture.

C'est bon de retrouver l'asphalte , je roule à vive allure vers Telavi , fin de journée d'été , soleil , chaleur , petits villages , route dégagée , c'est très bon et enivrant.

La toute fin de cette première partie de voyage approche , dans quelques jours.

Presque 9 semaines , si intenses , le temps a filé , comme la moto et moi , sur 7 361 kms , environ 200 par jour roulé.

Elle ne m'a jamais lâché.

Je la félicite comme ferait un cavalier ou un navigateur.

Je dépends absolument d'elle

Elle s'est révélée fiable , logeable , confortable , assurant avec ses trois roues ma sécurité.

Je maîtrise complètement sa conduite , marche arrière comprise , j'ai une confiance totale en elle et sa fiabilité , désormais.

Nous avons traversé des orages puissants en Turquie , franchi tant de cols , des chaleurs éprouvantes au Kurdistan , et commencé de grimper fort en Géorgie.

Elle a été photographiée des milliers de fois et j'ai fait monter des curieux , ravis de pouvoir poser avec elle.

Je vais la laisser 8 mois ici Ă  Tbilisi oĂą je reviendrai en mars , pour voyager toujours plus Ă  l'est

J'ai franchi 16 degrés de longitude depuis Istanbul , 5 %.

Il en reste 320 avant Amsterdam.

Ă€ Telavi et tout autour , j'essaie de trouver un kvevri Ă  acheter

Ce sont des jarres de terre cuite qui contiennent le vin , le plus souvent enterrées , question de température.

L'intérieur est recouvert de cire d'abeille.

Elles font de 80 à 3 500 litres , et sont également exportées vers l'Italie et la Hongrie.

En Corse , on trouve , rarement , de plus petites jarres destinées à l'huile d'olive.

Il reste encore quelques fabricants ; j'opte pour cette solution , j'Ă©tais parti pensant racheter une ancienne.

L'hôtel m'a donné une adresse dans la périphérie , introuvable ; j 'arrive chez un autre , qui me recommande un autre mais ne peut pas m'y emmener , ils sont fâchés.

Finalement , j'arrive chez Mekvevre Karaulashvilis Marani.

La cinquantaine , également producteur de vin bio , encensé par des collègues italiens.

La maison est grande , le terrain bien entretenu , cave , atelier , four , tout y est.

Il est accompagné de sa fille adolescente , lui ne parle pas anglais.

Ils sont fabricants depuis plusieurs générations.

Dans le jardin , plusieurs tailles , dont une de 3 500 litres , de presqu'un siècle.

Nous entrons dans une assez grande double salle où sèchent une douzaine de jarres identiques, 1 000 litres chacune à vue d'œil.

Je sais que je suis au bon endroit.

Cet alignement est somptueux , la terre encore humide , le toucher est sensuel.

Il me montre également des plus petites , 80 litres , cette forme allongée est juste parfaite ; je choisis l'une d'elles , sa fille grave mes initiales sur le rebord : elle est à moi.

Le prix est d' un euro le litre , facile.

Je me soucie de la fragilité et du risque pendant le transport

Il a l'habitude d'expédier et ceint ses jarres de vieux pneus.

Je lui fais confiance , reste à trouver le déménageur , deuxième phase.

J'ai maintenant envie et hâte de la voir sur la terrasse , face à la Méditerranée.

On estime entre 100 et 150 000 le nombre de Russes qui ont fui leur pays pour venir ici en GĂ©orgie.

Ce sont les hommes qui sont Ă  l'origine de ce mouvement , pas envie d'aller se faire tuer dans le Dombas.

La famille suit.

Ils s'installent et travaillent , IT , commerce , restaurant , architecte...

La frontière est à deux heures au nord de Tbilissi , les vols directs ont repris , les visas sont supprimés.

Dans les rues , les magasins , les cafés , on entend souvent parler russe , nombreuses voitures avec des plaques russes également.

Ă€ terme , y compris Ă©galement d'autres destinations Ă  l 'Ă©tranger , le pays se vide d'une grande partie de ses forces vives.

Pour l'instant , le pouvoir géorgien est clairement pro Moscou.

Minoritaire toutefois dans sa population

J'ai rangé mon casque dans le coffre arrière.

Bien appuyé , un peu forcé...

Je ne peux plus l'ouvrir , la serrure est coincée.

J'essaie d'eux magasins de réparation de moto , fermés ce samedi matin , ils ouvriront plus tard.

Près du second , un magasin qui fait des doubles de clés.

Le propriétaire essaye d' ouvrir , rien.

Non seulement il est adorable et disponible mais Ă©galement astucieux.

Nous démontons le couvercle du coffre et extrayons délicatement une partie de ce qui s'y trouve.

Il débloque finalement la serrure , la répare et revisse le couvercle.

Bingo

Tout cela en plein soleil , il fait désormais très chaud ces jours ci

Coca frais et je lui donne de quoi faire une bonne journée.

Merci , merci , il m'a sauvé.

Je ne forcerai plus jamais le coffre.

L'après midi , je déambule plusieurs heures dans un nouvel espace , Samba.

Musée de la photo , restaurant , ateliers , espaces de travail , grande librairie

On s'y sent bien , je photographie plusieurs jeunes femmes , elles acceptent toutes.

Le soir dîner à 8 000 Vintage.

Une grande Vinothèque avec des milliers de bouteilles , exclusivement géorgiennes.

On peut manger également , c'est bon , et bien sûr déguster et acheter.

Ils ont plusieurs adresses en ville et une Ă  Batumi.

Ils ouvrent le 14 juillet leur premier Ă©tablissement Ă  l'Ă©tranger ,

Berlin.

Le monde est petit.

La vie de voyageur Ă  Tbilisi ,

En GĂ©orgie ,

Est facile , cool , mĂŞme si je n'aime pas ce mot passe partout.

Mais c'est ce que je ressens.

Je commence d'y avoir mes adresses , mes repères , mes habitudes.

Des contacts Ă©galement.

Alors la perspective d'y retourner en mars prochain me plaît.

Je suis serein pour la moto

J'aurai un peu Ă  faire faire pour elle :

Vidange , filtres à huile et à air , démarrage un peu poussif.

Et puis une nouvelle peinture : je suis las de ce vert militaire , je la veux beige désormais , avec du marron par endroit pour relever , esthétisme...

Je ne transigerai pas sur la qualité , Paddy qui veille sur ma moto , regarde pour moi ici.

Je file en bus , Ă  3 heures de route plein ouest , pour Kutaisi , vol dimanche matin pour Berlin.

A venir , au printemps ,

Géorgie , le nord pour passer la frontière Russe ,

Tchétchénie ,

Mer Caspienne ,

Kazakhstan ,

Asie Centrale...

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