East Africa / 7

Jeddah a qqe chose de Los Angeles.

L'Arabie Saoudite a qqe chose de la Californie.

Immensité , plutôt plat , grands malls , autoroutes XXL , stations services , 50 centimes le litre, avec zône commerciale , soif d’acheter.



La comparaison s’arrête là , 20 degrés en plus déjà , air conditionné partout.

Ici l’islam est religion d’état et c' en est le berceau.

Des mosquées omniprésentes.

Les Salman , père et fils , MBS et Salman ben Abdelaziz Al Saoud ,veillent en portraits géants sur leur pays , géant , 2.1 km2 ,essentiellement désertique , 32 millions d'habitants ,qui a décidé de se projeter dans l’après pétrole.

La grande majorité des petits jobs sont occupés , comme aux Emirats , par des indiens , pakistanais , bangladais , soudanais , philippins , égyptiens , népalais.

Ceux-ci sont indifférents , accueillants , serviles , curieux , c'est selon

Pas que les petits jobs d'ailleurs , quand les saoudiens ne suffisent pas , nombreux soignants égyptiens par exemple.

Parfois un chauffeur de taxi ou un réceptionniste est saoudien , rarement en fait.

Surprenammant , assez peu de police , aucun contrôle.

Je redoutais un sentiment d’oppression , il n’en est rien , chacun vaque indifféremment.

Les mœurs changent :

Les femmes conduisent

À Riyad , plus de 80 % ne portent plus de niqab et parfois plus d'abaya.

Tout dépend des régions , c'est plus traditionnel quand on s'éloigne des grandes villes.

Me concernant , j'ai rencontré une majorité de femmes couvertes qui refusent absolument de montrer leur visage.

Assez déconcertant de ne pas savoir à qui on a à faire...

Pour les relations hommes femmes , c'est plus compliqué.

De savoir la vérité , les vérités.

La version officielle , la plus fréquente , c'est rien avant le mariage.

La réalité , semble moins univoque.

Et clairement plus souple à Riyad

Mais difficile en un court délai d'en savoir plus , singulièrement sur un sujet aussi délicat.

Je rencontre une étudiante qui va partir faire son master en Floride.

L'état prend tous ses frais en charge car elle parle bien anglais et ses résultats pré universitaires sont bons ; à terme elle vise la diplomatie.

Nous échangeons et elle finit par me demander , c'est touchant , à quoi on reconnait qu'on a rencontré le bon partenaire.

Je lui donne ma version , elle semble satisfaite.

Un monde nous sépare encore même si les civilisations se rapprochent , surtout en ville et dans la jeune génération ; les réseaux sociaux contribuent également.

Djeddah c’est vaste , la Corniche , avec son jet d’eau de nuit qui fait ressembler celui de Genève à un Manneken-Pis souffreteux.



Malls , voies rapides où on circule vite et bien , restaurants ouverts tard la nuit quand la température baisse de qqes degrés , palaces en bord de mer , principal port du pays.

Je passe peu de temps à visiter , mon but c’est La Mecque à 80 kms , première ville sainte pour les musulmans avant Médine et Jérusalem.

Pour les chiites , il faut ajouter , en Irak , Nadjaf , Kerbala et Samara.

La Mecque , lieu du hajj , pèlerinage , un des 5 piliers de l’islam.

Il existe un pèlerinage moins important , autres lieux près de La Mecque , l’oumra.

Tout musulman doit se rendre à la mosquée Masjid al Haram au moins une fois dans sa vie , nombreux le font plusieurs fois.

La ville est grande , 1.7 millions d’habitants , très dense quand on s’approche des lieux saints , immeubles de plusieurs dizaines d’étages , hôtels et logements , serrés , enchâssés entre les montagnes environnantes , centres commerciaux en rez de chaussée , boutiques traditionnelles , souvenirs religieux , bijoux , parfums , vêtements...

Les hôtels de luxe , notamment l’Inter Continental , donnent directement sur la mosquée , on quitte le hall d'accueil , on se retrouve sur l'esplanade principale , sol blanc immaculé de marbre.

La foule entre et sort , flot incessant , de la mosquée par plusieurs portes numérotées , accès à l’intérieur à la kaaba , cube de granit noir , vide à l'intérieur recouvert de tissu autour duquel tournent 7 fois les fidèles. Ses portes sont recouvertes de 280 kgs d'or.

C'était originellement un lieu de culte de la religion arabe pré-islamique. En 630 , elle a été vidée de ses statues , le vide signifiant que l'on ne peut adorer que Dieu à l'exception de tout objet matériel , toute idole : le judaïsme partage cette conception.

Des dizaines de milliers de musulmans aujourd'hui , rien par rapport à l’époque du ramadan , par centaines de milliers alors.

Bien sûr qqes gardes et policiers , mais rien de très impressionnant compte tenu de la foule.

La surprise , et ce ne devrait pas en être une , c’est de croiser tellement de nationalités , au premier rang desquelles les Indonésiens , reconnaissables à leur petit chapeau.

Logique , c’est la première nation musulmane du monde , près de 220 millions de pratiquants.

Et avec 1.9 milliards de croyants , l'Islam est la deuxième religion au monde , après le christianisme.

Pakistanais , indiens , nombreux africains et moyen orientaux.

La journée est rythmée par les 5 prières , tout s’arrête alors.

On mesure , alors , mieux la foule immense , rassemblée , hommes et femmes séparés.

Il se dégage de ce lieu un sentiment de puissance et d'unité au delà des frontières , physiquement palpable.

On m’avait dit interdit aux non musulmans.

Faux , seul non musulman ce jour là , je peux aller jusqu’aux abords de la mosquée , sans , toutefois , entrer et voir la kaaba.

Le soir , les minarets sont illuminés, vert , couleur de l'Islam , dernière prière juste après 20.00.

J'ai vu , de par le monde , tellement de pratiquants qui se tournaient vers La Mecque ; ici pas d'erreur , c'est la kaaba qui guide , derrière les hauts murs de la mosquée . Frustrant , très frustrant , mais c'est ainsi.

Je rentre de nuit à Djeddah , train le matin pour Médine.

La gare est somptueuse et presque vide si l’on considère sa taille.

Immenses panneaux sombres qui laissent filtrer la juste lumière nécessaire , volumes hors de proportion , sol noir en pierre , et si le luxe c’était l’espace :-).

Quelque chose de la sobriété et de l'élégance du Louvre d'Abu Dhabi , la rotondité en moins , ici tout est rectiligne.

L'architecture est un art majeur et magique.

Ce pourrait être Jean Nouvel , erreur c’est Foster , bureau de contrôle français.

Bagages pris en charge par un employé indien ou népalais.

Je n’ai pas de billet , tout se fait par application de la Haramain High Speed Railway , la compagnie nationale de chemins de fer ; je finis par y arriver.

Avec de l’aide…

Trains style TGV , confortable , climatisation évidemment , bar , le Thalys sans être complètement plein , top

2 heures pour rallier Médine à 300 kms à travers le désert , plat ou montagneux.

On me prévient dans le train que , la ville , et pas seulement les lieux saints , est interdite aux non musulmans.

Je rencontre la police à la gare de Médine : chaleureux , pas de problème pour entrer en ville ; je demande un document , inutile.

Shkran.

Pour la mosquée , suspense.

Ville immense également , 1.2 millions d’habitants , mais moins ramassée et plus plate que La Mecque.

Le prophète naquit à La Mecque , il mourut à Médine qu’il rejoignit au terme des l’hégire.

Mon hôtel , au 11 ème étage , domine la mosquée du Prophète , al Masjid al Nabawi , première édification au 7 ème siècle.

Imaginez un carré d’ environ un km de côté , au centre la mosquée elle même , également carrée d’environ 750 mètres , surmonté de 10 immenses minarets.

Les bords et accès sont protégés du soleil par des parasols géants , par centaines , qui sont refermés automatiquement à la tombée de la nuit.

Les abords sont aérés par d’énormes ventilateurs qui projettent de la vapeur d’eau , bienvenue.

Plusieurs entrées sur chaque côté de la mosquée , en passant devant , même à plusieurs dizaines de mètres , on sent le souffle de l’air conditionné .

Partout , climatisation , carburant , vitesse , on comprend que l’énergie n’est pas une question ici , prix et disponibilité.

L’intérieur de la mosquée est constitué de centaines de colonnes de marbre blanc , délimitant de grands espaces et de non moins nombreuses et grandes allées.

Les fidèles , femmes et hommes séparés , conversent , lisent , écoutent un prêche , prient 5 fois par jour.

Propreté impeccable , léger bruit de fond , tapis à l’infini , tout prête à la sérénité.

Pas pour moi.

Je ne veux rien demander de crainte d’un refus d’accès.

Lunettes de soleil , masque covid , main sur le cœur , sac à dos , j’entre dans l’immense enceinte.

Facilement reconnaissable , comme à La Mecque , je suis le seul blanc et objectivement non musulman au milieu de dizaines de milliers de fidèles , jusqu'à un demi million à l'époque du ramadan.

Qqes personnes en uniforme , gardes et entretien.

Rien.

Pas une interpellation , une question , un contrôle.

Il me faudra plusieurs heures pour être totalement serein et convaincu que je peux déambuler sans regard particulier , ni aucune demande.

À l’heure de la prière , je m’assieds un peu à l’écart , et suis la cérémonie qui se déroule , identique dans plusieurs espaces différents de la mosquée , milliers de personnes à chaque endroit , à chaque fois.

Après La Mecque , sans accès à l’intérieur de la mosquée et Mashad au nord est de l’Iran où j’ai pu passer tant d’heures y compris une partie de la nuit , Médine est le troisième lieu saint , si vaste à chaque fois , où je prends , à grande échelle , la mesure de la puissance , du raffinement , du sens de l’accueil de l’islam et de la civilisation arabe.

Je reste des heures à déambuler , contempler , lire , me poser.

Personne ne me demande rien.

Je photographie , discrètement.

Le lendemain , je continue de remonter vers le nord ouest , Al Ula à 250 kms , 3 heures de taxi collectif.

Stéphane , qui travaille au moyen orient , m’a convaincu de m’y rendre.

Al Ula c’est environ 5 000 habitants , cité au milieu du désert , entourée de montagnes et rochers spectaculaires.

Sur la route du commerce remontant d’Afrique via la Mer Rouge ou de l’ensemble de la péninsule arabique , Al Ula fut un point de passage pour les caravanes se dirigeant vers le nord , Mésopotamie , empire ottoman , Méditerranée , orientale puis occidentale.

Pendant 9 siècles , les dedanites dominèrent la région qui doit sa prospérité à l’eau présente si abondamment dans le sous sol qu’elle permit et permet la culture des palmiers dattier , des oranges et des citrons.

En plein centre , et jusqu’aux lointains environs , d’immenses oasis , vert profond , au fond des vallées , miracle à souvent plus de 40 degrés.

Autant dire qu’en cette fin mai , la saison touristique , chaleur élevée , est au ralenti.

Mais les visites sont maintenues , remarquablement organisées.

Un bus confortable nous emmène vers les différents sites , qqes dizaines de kilomètres maximum aux environs.

3 sites le matin , 2 l’ après midi.

On évolue sur le sable entre d’immenses rochers , massifs montagneux , et l’on découvre , au détour de l’un d’eux , une immense façade ocre sculptée , tombes royales à l’intérieur.

Dimensions uniques pour ces monuments figés dans le temps , dans le désert et le vent chaud , témoignages de la capacité incroyable de ces peuples , si dépourvus de moyens techniques , à témoigner pour l’éternité de leur génie et de leur conscience artistique.

Bien entendu , la ressemblance avec Petra en Jordanie 🇰🇼 , à moins d’un millier de kms , est très proche , 2 civilisations nabatéennes y ont vécu et oeuvré.

Je dîne au " nowhere " , chaudement recommandé par l’hôtel.

Autour d’une source active canalisée dans un bassin de mosaïques bleues turquoise , des espaces sont disposés , extérieurs ou ventilés à l’intérieur.

Luminaires , sièges , coussins , tables , couverts , tout est dans l’esprit des lieux qui accueillent depuis qqes années ce nouveau concept.

A la limite débute l’oasis , sensation de relative douceur.

Menu limité à une cuisine locale mêlée de Liban ; normal , Mohamad y a ses racines même s’il n’y vit plus

Homos de rêve , salades harmonieuses , glace à la rose , barbe à papa aux pistaches et summum , un Umm Ali , dessert traditionnel arabe : morceaux de pâte feuilletée , lait épaissi et crème , pistaches , épices , le tout servi chaud : un régal.

Mohamad n’est pas seulement le chef , il est l’inventeur du concept , bientôt décliné à Riyad et Dubaï.

Il travaille pour 2 femmes d’affaire , saoudienne et émiratie , à la tête , dans les 2 pays , d’une quarantaine de restaurants.

Concepts différents , burgers , slow food , et maintenant nowhere.

Elles sont venues le chercher , lui alors conseil en concepts culinaires.

L’état saoudien a financé l’intégralité des travaux et aménagements.

Les princes et princesses qui descendent de Riyad et Djeddah plébiscitent l’endroit.

Bravo , tip top

J’y retourne le soir suivant.

En rentrant je passe chez le coiffeur en bas de l’hôtel.

Il est minuit , mais ici on vit tard , mieux à 35 degrés qu’à 45.

Parti pour une coupe légère , je demande à être rasé.

Il s’exécute puis m’enduit , à la suite , après rinçages successifs , de 6 produits différents , soins du visage.

Je renonce et les arrête avant le 7 ème ; on aurait pu rester plus longtemps dans la nuit chaude.

Ils me délestent allègrement , pas envie de discuter , il est tard , ils sont souriants , satisfaits de leur bonne affaire , et le résultat me va , peau jamais aussi douce.

Pas envie de négocier ni discuter à cette heure et , de temps en temps , il faut se laisser aller à une action de générosité.

Le lendemain , bus pour Tabuk puis Haql , frontière jordanienne le long du golfe d’Aqaba.

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