Thierry Pajot Thierry Pajot

Kurdistan Juin 2023 (FR)

Round the world 🌎 - Kurdistan

La frontière Turquie Kurdistan irakien à Habur est une divine surprise
On m'avait tout prédit :
Pas de passage de la moto
Visa impossible
J'avais un contact irakien à la douane
La sortie de Turquie se fait sans encombres.
Au Kurdistan , car on ne rentre pas en Irak mais au Kurdistan , le visa en ligne est prêt en 15 minutes
Idem pour les trois guichets pour la moto.
Taxes raisonnables et officielles
C'est bon , rapide , efficace.
Tous sont aimables
La moto , objet de curiosité , aide , ici , comme partout depuis le début.
Je passe sans :
  Assurances
  Certificat de passage en douane
  Permis de conduire adéquat
Let's go on

Le Kurdistan irakien
Ce n'est pas l'Irak
Ce n'est pas une partie du Kurdistan global
C'est un quasi état dans l'état : forces de sécurité , langue , ministères , plaques d'immatriculation , drapeau , et bien sûr identité
Quand je demande , c'est toujours " je suis kurde " , jamais irakien , comme avec les Turcs , de l'autre côté de la frontière.

Les routes sont larges , bien entretenues , grosses voitures , presque Dubaï , ça sent le pétrole.
Des checkpoints , encore et encore.
Light au départ dans mon trajet vers Mossoul.
À 30 kms de l'arrivée , ça devient sérieux.
C'est la frontière Kurdistan Irak.
J'ai un visa du premier , pas du second.
Il faudrait le demander à Bagdad , ben voyons.
Aimables mais fermes
Je reviens sur mes pas , pour demeurer au Kurdistan que je ne quitterai pas : Duhok

350 000 habitants , dans une large vallée , écrasée par la chaleur comme on dit à défaut d'inspiration.
Ça a un petit côté Dubaï : nombreux immeubles en construction , 20/30 étages , argent sale me dit-on.
Vas comprendre , pétrole , trafics , jalousie ?
Des malls aussi , modernes , parkings , espaces verts.
Le centre est traditionnel : boutiques , bazar , mosquée.

Pas loin de l'hôtel , j'atterris pour un verre au Media Saray : grand restaurant , terrasse , salle de mariage : c'est , moderne , impeccable.
Les 107 employés sont aux petits soins.
Voitures de luxe , très luxe.
J'y retourne le soir , narguilé , renouvelé jusque tard en soirée.
Familles , couples , hommes d'affaires.
Vers minuit , un homme s'assoit à ma table pour échanger : c'est Hasan , le propriétaire , créateur du lieu il y a tout juste cinq ans.
Il a aussi des boutiques et fait de l'importation depuis la Chine notamment.
Il a un projet de zoo ici , no comment.
Je lui conseille de réfléchir également à un restaurant Italien à Erbil : chef , produits : j'ai vu le succès il y a quelques mois à Kinshasa.
Il est plutôt chaleureux , on le sent exigeant , attentif aux clients et au moindre détail.
Ses parents vivent dans un minuscule village à 30 kms au nord ; il leur rend visite tous les vendredis , pour un déjeuner traditionnel , on est jeudi soir.
Le lendemain donc , en side car , nous grimpons dans les montagnes , longeant un lac turquoise , c'est le Tigre qui se prélasse avant de rejoindre l'Euphrate , bien plus au sud.
La maison familiale abrite Hamed et Zomred les parents , sa sœur qui arrive de Suède chaque été avec ses trois jeunes enfants.
C'est grand , deux immenses pièces pour s'asseoir ou s'allonger et palabrer , avec un jardin où ils cultivent , en contrebas des montagnes.
L'hiver c'est couvert de neige , difficile d'imaginer...
Nous déjeunons : légumes , viandes en sauce , salade , galettes traditionnelles , boissons lactée froide à l'aneth , yaourt maison.
Le père , allongé sur son matelas près de ses deux fusils , avait une petite boutique au village.
Le fils s'est fait tout seul.

Le soir , beaucoup de monde de sortie ce vendredi , comme un samedi pour nous , les glaces , une passion locale , styles machine italienne.
Les voitures s'arrêtent , le père sort et revient les cornets à la main.
On m'offre la mienne.
Bien sûr...

En Turquie
Samedi et dimanche
En Irak et dans les autres pays arabes
Vendredi et samedi
En Iran
Jeudi et vendredi

Le Kurdistan irakien
Les Kurdes :
En conclusion ,
Avant de détailler et de rencontrer plus de locaux :
Quasi état , fonctionne quasiment comme tel
Richissime de pétrole
Tient tête à Bagdad
Qui se débat avec ses problèmes : Iran , mosaïque de musulmans , jeu américain , leader Soudani , incertain.
Les 7 millions de Kurdes vivent sur 85 000 km2 , capitale Erbil.
Ils sont à plus de 90 % musulmans sunnites.
L'histoire récente , c'est une succession d'insurrections : 1961 , 1974 , 1975 , 1983.
Une lutte féroce entre les deux partis autonomistes dominants , PDK et UPK , chacun avec ses milices privées.
Un bras de fer sanglant avec Saddam Hussein. Pendant la guerre Iran Irak , en 1988 , le leader du parti Baas lance l'opération Anfal : 182 000 Kurdes massacrés , le village d'Halabja bombardé chimiquement.
1991 , débâcle irakienne au Koweït
1994/97 , guerre civile
2003 , intervention US , armes de destruction massive , Bush , Rice , Rumsfeld , Cheney , Powell et Blair qui suit comme un chiot pathétique.

Chirac et Villepin avertissent , en vain.
Les américains s'allient aux Kurdes , les équipent , ils sont reconnus comme plus efficaces que l'armée régulière irakienne.
Les Kurdes combattent l'état islamique et le terrassent
2017 , référendum d'autodétermination , 93% de oui.
Les Kurdes veulent :
  Un état indépendant
  Intégrant Kirkouk la pétrolière pétrolifère

Je quitte Duhok pour Erbil , la capitale du Kurdistan.
Au lieu de prendre la route directe , 150 kms , je fais un grand crochet par le Nord , les villages et les montagnes , double distance.
C'est une succession de paysages grandioses , secs en ce mois de juin , rocheux , escarpés , montagnes , vallées , rivières.
Ce pourrait être un Parc National partout ailleurs.
Parfois une citadelle sur les hauteurs : un poste de contrôle tenu par des peshmergas.
Quelques checkpoints , assez sereins quand on est loin de la délimitation avec l'Irak arabe.
Il fait très chaud sur la route , sans doute au moins 40. Dès que je peux je m'asperge entièrement d'eau , séchage en quelques minutes mais c'est tellement bon.
La moto tient bien à la chaleur , quel ange.
Je m'arrête près d'une rivière encaissée bordée de cafés et restaurants qui surplombent cette fraîcheur bienvenue.
Un couple de Duhok déjeune avec ses deux jeunes enfants.Je suis invité , bien sûr.
Il travaille dans la sécurité , 750 euros ; elle enseigne , 250 euros.
Elle parle un peu anglais , lui pas.

J'avale des litres d'eau et de thé.
Je contrôle mais reste vigilant.

Au sortir d'un village , de jeunes enfants , surtout des filles , vendent des abricots et des prunes dans de petites assiettes en plastique.
Je n'en ai pas besoin , je viens d'acheter des mûres , avec un goût légèrement plus sucré que les nôtres , délicieuses incorporées le soir dans du yaourt , après qu'elles aient passablement coulé dans mon sac à dos et sur mon pantalon beige.
Les enfants donc.
Deuxième partie d'après midi , la lumière se fait plus douce et enrobante.
Leurs regards sont magnétiques.
Ni quémandeurs , ni plaintifs.
Dignes , beaux , émouvants et touchants.
Je leur parle en français , peu importe.
Ils sont habillés correctement et ne sont pas dans la misère.
J'imagine qu'ils sont seulement sur la route , près des maisons , pour arracher quelques dinars.
Je leur donne.
Un peu pour moi.
Beaucoup pour eux.
Quelques euros.
Trois groupes de deux ou trois.
Je ne prends pas les fruits et les sens incrédules.
Je repars.
Tout le reste du chemin , et pour plusieurs jours encore , je ne peux oublier ces yeux intenses et continue de regretter de ne pas leur avoir donné encore plus.
De temps et d'argent.

J'arrive à Erbil au crépuscule.
Épuisé.

Erbil a tout d'une grande :
  Aéroport international.
  Parlement.
  Gouvernement.
  Tribunaux.
  Des quartiers de logements et de bureaux en construction.
  Des parcs.
  Un million d'habitants sans doute.
  Des hôtels haut de gamme , dont le Rotana où déjeunent les services  secrets français dans le bar climatisé qui jouxte la piscine.

À Duhok , j'avais vu toute une famille en goguette qui dînait chez Hasan.
Ils m'invitent à venir les voir à Erbil.
Ils habitent un quartier résidentiel un peu à l'écart du centre , pas loin de l'aéroport.

Je retrouve un des hommes de la famille : il me reçoit dans leur diwakhan , comme un grand hall ouvert avec des canapés et des tables sur un demi pourtour.
Il y a déjà plusieurs petits groupes qui conversent en buvant thé ou café.
C'est en fait le lieu de réception des principaux membres de la famille : les Wale Anwar Bag'e Betwata.
Ils sont une des familles , un des clans qui compte au Kurdistan.
Très respectés pour leur intégrité , leur rigueur , leur richesse et leur ancienneté  , ils sont souvent sollicités pour rendre la Sula , décision qui se substitue à celle du tribunal.
Ils ont joué un rôle important au moment du conflit avec Bagdad puis Daesh.
Ils sont très proches des Barzani qui dirigent le Kurdistan depuis plusieurs générations ; ils les reçoivent ici.
Il n'y a que des hommes , toujours armés , en plus des gardes du corps de l'entrée.
Je fais connaissance avec des frères , des oncles , des neveux , des cousins qui s'éclipsent après un moment de conversation.
Chaque fois qu'un nouvel invité arrive , tous se lèvent pour le saluer.
Nous échangeons sur les affaires du pays , les combats féroces avec Daesh et le futur du Kurdistan.
Je prends congé après quelques heures.

Sulaymaniyah , ancienne capitale du Kurdistan , pôle culturel du pays est à l'extrémité sud est , à une heure de l'Iran.
Comme dans la plupart des villes kurdes , les femmes ne sont pas voilées et s'habillent à l'occidentale.
Le Musée Amna Suraka , au centre , est un témoignage très fort de ce que furent :
  L'attaque par le régime de Saddam Hussein en 1988 des territoires kurdes , l'anfal , et les bombardements chimiques sur la ville d'Halabja. Au total 182 000 morts auxquels il est rendu hommage dans ce couloir labyrinthique constitué de 182 000 morceaux de miroir.
  La lutte à partir de 2003 pour battre Daesh , bouchers immondes , sous couvert d'un islam rigoriste. Les USA ont beaucoup supporté les Kurdes dans cette guerre qui fit plusieurs milliers de morts.Les images sont insupportables de barbarie et de bestialité.

La grande question , maintenant que la paix est revenue , est celle de l'indépendance.
Le pouvoir , à Bagdad , s'y refuse.
C'est le chiite Sudani qui dirige , au nom des intérêts iraniens dit on.
Comme au Liban , les postes sont répartis sur une base confessionnelle : kurdes et sunnites outre les chiites donc.
Le fils de Sudani possède la plus grande compagnie de téléphone , YQ.
Donc l'indépendance est freinée par les dissensions très anciennes et clivantes entre les deux principaux partis rivaux.
La question de la récupération de Kirkouk et de son argent est aussi un gros obstacle.
Donc le temps long vraisemblablement.
Mais , récemment , tout bouge au Moyen Orient.
Ainsi , les USA négocient avec l'Iran , à Oman 
En jeu , le nucléaire militaire et l'arrêt de l'enrichissement au-delà de 60% , les milices iraniennes en Syrie , et au Liban , l'exportation du pétrole par Téhéran et le déblocage de milliards de dollars gelés sur des comptes américains en Corée notamment , à terme aussi la levée des sanctions activées par Trump en 2018 en dénonçant le JCPOA.

La guerre en Ukraine rajoute une dimension ,avec notamment , la livraison de drones à Moscou par Téhéran.
Iran et Arabie Saoudite , rapprochement spectaculaire ,  sous l'égide de la Chine , dont l'un des effets les plus apparents est la réouverture récente d'une ambassade saoudienne à Téhéran.
Les Saoudiens avec Israël puisque Riyad fait bouger les lignes significativement , jusque dans son refus d'adapter ses exportations de pétrole aux volontés américaines.
Les Chinois offrent leurs services aux Palestiniens pour une paix improbable avec Israël qui passerait par le rapprochement des frères ennemis , Hamas et Fatah.
Les Chinois sont dans tous les jeux , besoin de stabilité dans la région , ils sont désormais le principal importateur de pétrole depuis l'Iran et l'Arabie Saoudite.
Bahreïn , les Emirats et le Maroc ont activé des relations avec Israël , aussi improbable que le rapprochement de ce dernier avec l'Égypte en 1977.

J'ai pris mes habitudes au Jan Café.
C'est bon , café, gâteaux , petit déjeuner , bien décoré , fréquenté par des acteurs et intellectuels , qui côtoient des utilisateurs de portable anonymes.
En arrivant le dernier jour , j'aperçois un homme , la soixantaine , barbe blanche bien taillée , chemise , cravate , costume , beaucoup d'allure.
Nous nous présentons.
C'est Dilshad Questani , il vit à Chaumont depuis une vingtaine d'années , avec de fréquents retours ici.
Il fut très tôt un opposant coriace de Saddam Hussein et des folies de son régime ; il n'aurait pas dû survivre.
Il fut donc réfugié politique en France , un vrai.
Il est peintre , a exposé dans une vingtaine de pays dans le monde ; il admire et encense Turner.
Il est acteur de cinéma et tourne en studio cet après-midi.
Par les hasards de la vie , le monde est petit , nous avons des connaissances communes au Caire :
  Pierre Brassard , acteur également et qui tient la Loft Gallery , espace d'art , d'antiquités et d'artisanat dans le quartier de Zamalek. Il a des goûts très sûrs et ses objets en vente sont souvent magnifiques.
Il fut journaliste pour le Canada en Egypte pendant une vingtaine d'années.
Nous lui envoyons une photo de nous deux...
  Farouk Hosni , l'ancien ministre de la culture et de l'archéologie de Moubarak , qui devait diriger après son passage aux affaires l'UNESCO. On lui doit , notamment , la Bibliothèque d'Alexandrie , somptueuse et mythique par l'architecte norvégien Snohetta.
Nous nous reverrons , bien sûr.

J'ai arrêté mon programme.
Renoncé à l'Iran , visa et entrée de la moto trop incertains , beaucoup de regrets car j'avais très envie de revoir mes amis professionnels d'ISQI à Téhéran avec qui j'échange souvent.
Et l'Iran aussi , que j'aime tant.
À venir d'une façon ou d'une autre.
Je rebrousse chemin , en repassant la frontière turque à Habur après 11 jours intenses et superbes au Kurdistan.
Ensuite , remontée plein nord le long des frontières orientales turques , pour entrer en Géorgie où tant de souvenirs et de marqueurs m'attendent , désormais.

Je traverse des paysages grandioses , vallées et montagnes , à Rawanduz notamment.
À Dukan , je m'arrête pour déjeuner en terrasse au dessus de la rivière , on est samedi , donc comme un dimanche pour nous , beaucoup de jet skis en direction du Lac.
Je déjeune avec un jeune couple d'Erbil , mariés récemment , ils travaillent dans les ressources humaines , lui université et elle compagnie pétrolière Kurde.
Ils m'expliquent le mariage ici :
Rencontre , fréquentation , présentation aux familles , celle de la femme est la plus décisive.
Si tout se passe bien , mariages religieux et civil.
Quelques temps après , cérémonie et fête ; c'est après , et seulement après , qu'ils peuvent vivre ensemble.

Je passe une nuit rapide à Duhok , même Hôtel Lara , et soirée au restaurant d'Hasan qui doit rejoindre Erbil dans la soirée.

Le lendemain , dimanche , passage de la frontière à Habur , comme à l'aller.
Sauf que ,
Il y a beaucoup plus de véhicules.
Et il fait très chaud , je cherche l'ombre et bois énormément d'eau qu'on m'offre.
Pas mal de turcs qui rentrent à pied au pays
Je passe une dizaine de guichets sans aucune corruption: celle ci et les tracasseries qui vont avec sont souvent inversement proportionnelles au niveau de développement du pays.
La deuxième entrée au Congo cet hiver , 36 heures et plusieurs centaines de dollars fut très pénible.
À part la longue file d'attente côté Kurde , tout se passe bien.
Une plaque néerlandaise : des kurdes qui rentrent de vacances au pays , 4 jours de route.
La moto attire les regards et la curiosité.
En deux heures et demie et plusieurs litres d'eau après je suis de nouveau rentré en Turquie.

Je m'arrête , épuisé , à Cizre , 40 kilomètres de la frontière , pour me refaire une santé dans un hôtel très agréable le long du Tigre.

En route pour la remontée

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Thierry Pajot Thierry Pajot

Kurdistan June 2023 (EN)

Round the world 🌎 - Kurdistan

The Turkey-Iraqi-Kurdistan border at Habur is a divine surprise. I was told everything: No passage of the motorcycle. Visa not possible. I had an Iraqi contact at customs. The exit from Turkey is done without incident. In Kurdistan, because we do not return to Iraq but to Kurdistan, the online visa is ready in 15 minutes. Ditto for the three counters for the motorcycle. Reasonable and official taxes. It's good, fast, efficient. All are friendly. The motorcycle, object of curiosity, helps, here, as everywhere since the beginning. I pass without: Insurance. Customs clearance certificate. Adequate driving license. Let's go on.

Iraqi Kurdistan. This is not Iraq. It is not part of global Kurdistan. It is a quasi-state within a state: security forces, language, ministries, license plates, flag, and of course, identity. When I ask, it's always "I'm Kurdish", never Iraqi, as with the Turks, on the other side of the border.

The roads are wide, well maintained, big cars, almost Dubai, it smells of oil. Checkpoints again and again. Light at the start on my journey to Mosul. At 30 kms from the finish, things are getting serious. This is the Kurdistan Iraq border. I have a visa of the first, not the second. We would have to ask Baghdad, come on. Kind but firm. I retrace my steps, to stay in Kurdistan that I will not leave: Duhok.

350,000 inhabitants, in a wide valley, crushed by the heat as they say for lack of inspiration. It has a little Dubai side: many buildings under construction, 20/30 floors, dirty money I am told. Go figure, oil, trafficking, jealousy? Malls too, modern, car parks, green spaces. The center is traditional: shops, bazaar, mosque.

Not far from the hotel, I landed for a drink at the Media Saray: large restaurant, terrace, wedding hall: it's modern, impeccable. The 107 employees are very caring. Luxury cars, very luxury. I go back in the evening, hookah, renewed until late in the evening. Families, couples, businessmen. Around midnight, a man sits at my table to chat: it's Hasan, the owner, creator of the place just five years ago. He also has shops and imports from China in particular. He has a zoo project here, no comment. I advise him to also think about an Italian restaurant in Erbil: chef, products: I saw success a few months ago in Kinshasa. He is rather warm, we feel he is demanding, attentive to customers and to the smallest detail. His parents live in a tiny village 30 km to the north; he visits them every Friday, for a traditional lunch, it's Thursday evening. So the next day, in a sidecar, we climbed the mountains, skirting a turquoise lake, the Tigris lounging before joining the Euphrates, much further south. The family home is home to parents Hamed and Zomred, his sister who arrives from Sweden every summer with her three young children. It's big, two huge rooms to sit or lie down and talk, with a garden where they cultivate, below the mountains. Winter is covered in snow, hard to imagine... We have lunch: vegetables, meat in sauce, salad, traditional pancakes, cold dill milk drinks, homemade yogurt. The father, lying on his mattress near his two rifles, had a small shop in the village. The son made himself.

In the evening, a lot of people go out this Friday, like a Saturday for us, ice cream, a local passion, Italian machine styles. The cars stop, the father gets out and comes back, cones in hand.
They give me mine.
Of course...

In Turkey:
Saturday and Sunday.
In Iraq and other Arab countries:
Friday and Saturday.
In Iran:
Thursday and Friday.

Iraqi Kurdistan: The Kurds: In conclusion, Before going into detail and meeting more locals: Quasi-state, functioning almost as such. Rich in oil. Challenges Baghdad, which struggles with its problems: Iran, mosaic of Muslims, American game, uncertain Sudanese leader. The 7 million Kurds live on 85,000 km2, with Erbil as the capital. Over 90% of them are Sunni Muslims. Recent history is a succession of uprisings: 1961, 1974, 1975, 1983. A fierce struggle between the two dominant autonomous parties, PDK and UPK, each with its private militias. A bloody standoff with Saddam Hussein. During the Iran-Iraq war in 1988, the leader of the Ba'ath Party launched Operation Anfal: 182,000 Kurds massacred, and the village of Halabja bombed chemically. In 1991, the Iraqi debacle in Kuwait. From 1994 to 1997, a civil war. In 2003, US intervention, weapons of mass destruction, Bush, Rice, Rumsfeld, Cheney, Powell, and Blair, who follows like a pathetic puppy. Chirac and Villepin warned, in vain. The Americans allied with the Kurds, equipping them, recognizing them as more effective than the regular Iraqi army. The Kurds fought the Islamic State and defeated it. In 2017, a referendum for self-determination, with 93% voting in favor. The Kurds want: An independent state Including the oil-rich Kirkuk.

I leave Duhok for Erbil, the capital of Kurdistan. Instead of taking the direct road, 150 km, I take a big detour through the north, passing villages and mountains, doubling the distance. It's a succession of magnificent landscapes, dry in this month of June, rocky, steep, mountains, valleys, rivers. It could be a National Park anywhere else. Sometimes there's a citadel on the heights: a checkpoint held by the Peshmerga. Some checkpoints, quite serene when far from the border with Arab Iraq. It's very hot on the road, probably at least 40 degrees Celsius. Whenever I can, I drench myself in water, drying off in a few minutes, but it feels so good. The motorcycle handles the heat well, what a blessing. I stop near a river, surrounded by cafes and restaurants overlooking the refreshing water. A couple from Duhok is having lunch with their two young children. I am invited, of course. He works in security, earning 750 euros; she teaches, earning 250 euros. She speaks a little English, he does not.

I drink liters of water and tea. I remain cautious but vigilant.

Coming out of a village, young children, mostly girls, sell apricots and plums on small plastic plates. I don't need any; I just bought blackberries with a slightly sweeter taste than ours, delicious when mixed with yogurt in the evening, after they have leaked considerably in my backpack and on my beige pants. So, the children. The second half of the afternoon, the light becomes softer and enveloping. Their eyes are magnetic. Neither begging nor complaining. Dignified, beautiful, moving, and touching. I speak to them in French, it doesn't matter. They are dressed properly and not in poverty. I imagine they are just on the roadside, near the houses, to earn a few dinars. I give them some. A little for me. A lot for them. A few euros. Three groups of two or three. I don't take the fruits and they look at me incredulously. I continue my journey. For the rest of the way, and for several days, I cannot forget those intense eyes and continue to regret not giving them even more. Time and money.

I arrive in Erbil at dusk. Exhausted.

Erbil has everything a big city has: An international airport. Parliament. Government. Courts. Residential and office districts under construction. Parks. Probably a million inhabitants. High-end hotels, including the Rotana, where French secret services have lunch in the air-conditioned bar next to the pool.

In Duhok, I saw a whole family having dinner at Hasan's place. They invite me to visit them in Erbil. They live in a residential neighborhood a bit away from the city center, not far from the airport.

I meet one of the family's men: he receives me in their diwakhan, like a large open hall with sofas and tables along one side. There are already several small groups conversing while drinking tea or coffee. In fact, it's the reception area for the main members of the family: the Wale Anwar Bag'e Betwata. They are one of the families, one of the clans that matter in Kurdistan. Highly respected for their integrity, rigor, wealth, and antiquity, they are often called upon to make decisions, Sula, that replace those of the court. They played an important role during the conflict with Baghdad and later with Daesh. They are very close to the Barzanis, who have been leading Kurdistan for several generations; they receive them here. There are only men, always armed, in addition to the bodyguards at the entrance. I get to know brothers, uncles, nephews, and cousins who discreetly leave after a moment of conversation. Every time a new guest arrives, everyone stands up to greet them. We discuss the country's affairs, the fierce battles with Daesh, and the future of Kurdistan.
After a few hours, I take my leave.

Sulaymaniyah, the former capital of Kurdistan, the cultural hub of the country, is in the southeast, about an hour from Iran. Like in most Kurdish cities, women are not veiled and dress in Western attire. The Amna Suraka Museum in the center is a powerful testimony to: The attack by Saddam Hussein's regime in 1988 on Kurdish territories, known as Anfal, and the chemical bombings on the city of Halabja. A total of 182,000 people are honored in this labyrinthine corridor made up of 182,000 pieces of mirror. The fight starting in 2003 to defeat Daesh, the vile butchers operating under the guise of strict Islam. The US provided significant support to the Kurds in this war, which resulted in several thousand deaths. The images are unbearable in terms of barbarism and bestiality.

The big question, now that peace has returned, is that of independence. The power in Baghdad refuses it. It is the Shiite Sudani who leads, in the name of Iranian interests, they say. Like in Lebanon, positions are distributed on a sectarian basis: Kurds and Sunnis in addition to the Shiites. Sudani's son owns the largest telephone company, YQ. So independence is hindered by the ancient and divisive dissensions between the two main rival parties. The question of reclaiming Kirkuk and its money is also a major obstacle. So it will likely take a long time. But recently, everything is changing in the Middle East. For instance, the USA is negotiating with Iran in Oman. At stake are military nuclear issues and the cessation of enrichment beyond 60%, Iranian militias in Syria and Lebanon, Tehran's oil exports, and the release of billions of dollars frozen in American accounts, particularly in Korea. Eventually, there is also the lifting of sanctions activated by Trump in 2018 by denouncing the JCPOA. The war in Ukraine adds a dimension, including the delivery of drones to Moscow by Tehran. Iran and Saudi Arabia have a spectacular rapprochement under the auspices of China, one of the most apparent effects of which is the recent reopening of a Saudi embassy in Tehran. The Saudis are aligning with Israel since Riyadh is significantly changing the status quo, even in its refusal to adapt its oil exports to American desires. The Chinese are offering their services to the Palestinians for an unlikely peace with Israel that would involve a reconciliation between the bitter enemies Hamas and Fatah. The Chinese are involved in all the games, as they need stability in the region. They are now the main importers of oil from Iran and Saudi Arabia. Bahrain, the United Arab Emirates, and Morocco have established relations with Israel, as improbable as the latter's rapprochement with Egypt in 1977.

I have made myself at home at Jan Café. It's good, coffee, pastries, breakfast, well-decorated, frequented by actors and intellectuals, who rub shoulders with anonymous mobile phone users. On my last day, I see a man in his sixties with a well-trimmed white beard, shirt, tie, and suit, very elegant. We introduce ourselves. It's Dilshad Questani, who has been living in Chaumont for about twenty years, with frequent returns here. He was an early and fierce opponent of Saddam Hussein and the follies of his regime; he shouldn't have survived. He was a political refugee in France, a true one. He is a painter, has exhibited in about twenty countries around the world, and admires and extols Turner. He is also a film actor and is shooting in the studio this afternoon. By the twists of fate, the world is small, we have common acquaintances in Cairo: Pierre Brassard, also an actor, who runs the Loft Gallery, an art, antique, and crafts space in the Zamalek district. He has very refined tastes, and the objects he sells are often magnificent. He was a journalist for Canada in Egypt for about twenty years. We send him a photo of the two of us... Farouk Hosni, the former Minister of Culture and Archaeology under Mubarak, who was supposed to lead UNESCO after his tenure in office. We owe him, among other things, the magnificent and mythical Library of Alexandria designed by the Norwegian architect Snohetta. We will meet again, of course.

I have changed my plans. I gave up on Iran, as the visa and entry for the motorcycle were too uncertain. I have many regrets because I really wanted to see my professional friends at ISQI in Tehran, with whom I often exchange. And Iran, which I love so much. It will come in one way or another. I turn back, crossing the Turkish border at Habur after 11 intense and wonderful days in Kurdistan. Then, heading north along the eastern Turkish borders to enter Georgia, where many memories and landmarks await me now.

I traverse magnificent landscapes, valleys, and mountains, especially in Rawanduz. In Dukan, I stop for lunch on a terrace above the river. It's Saturday, so it feels like Sunday to us. There are many jet skis heading towards the lake. I have lunch with a young couple from Erbil, recently married. They work in human resources, he at the university and she in a Kurdish oil company. They explain the marriage customs here: Meeting, dating, introduction to the families, with the woman's family being the most decisive. If everything goes well, there will be religious and civil weddings. Some time later, there will be a ceremony and celebration. Only after that can they live together.

I spend a quick night in Duhok, at the same Lara Hotel, and have dinner at Hasan's restaurant before he leaves for Erbil in the evening.

The next day, Sunday, I cross the border at Habur, just like on the way in. Except that there are many more vehicles. And it's very hot. I look for shade and drink a lot of water that is offered to me. There are quite a few Turks walking back to their country. I go through about ten checkpoints without any corruption. Corruption and the accompanying hassles are often inversely proportional to the level of development of a country. The second entry into Congo this winter, 36 hours and several hundred dollars, was very difficult. Except for the long queue on the Kurdish side, everything goes well. There's a Dutch license plate: Kurds returning from vacation in their home country, a four-day journey. The motorcycle attracts attention and curiosity. After two and a half hours and several liters of water later, I am back in Turkey.

I stop, exhausted, in Cizre, 40 kilometers from the border, to recover my strength in a very pleasant hotel along the Tigris.

Onwards for the journey north.

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