Peru / Bolivia 6

CUZCO

Cuzco est belle , lovée dans une immense vallée , rues pavées , musées , palais et églises baroques
Mais vraiment trop de tourisme , de sollicitations alors qu'on n'évoque que 20 à 30 % de l'étiage habituel , Covid oblige
Je loge dans une auberge , plein au centre , qui vient de rouvrir ; le couple est aux petits soins pour ce premier client , veillant tard jusqu'à mon retour , petit déjeuner traditionnel , oeufs , jus de fruit , pain frais servi sur la terrasse , internet via leur téléphone .
Les péruviens sont calmes , discrets , attentionnés ; je n'en ai pas vu se disputer jusqu'alors
Je suis venu à Cuzco pour voir le Machu Picchu , cité Inca du 15 ème siècle
L'organisation est parfaitement au point : bus dans la nuit jusqu'à Ollantaytambo , puis train spécial pour Aguas Calientes 400 mètres en contrebas et re bus jusqu'au Machu Picchu
Le train est confortable , Covid contrôlé , double masque obligatoire.
Les visites se font à heure fixe , par petits groupes d'une dizaine.
Cette cité , perdue et oubliée pendant 4 siècles , fut redécouverte par l'historien américain Hiram Bingham en 1911 , totalement en friches , sur les dires de familles de paysans de la région ; avant Covid , 1.5 millions de visiteurs se rendaient chaque année sur place.
L'ensemble de la cité est situé sur un promontoire , entouré de montagnes le plus souvent côniques ; elle est composée d'une zône agricole en terrasse et d'une zône urbaine avec une partie sacrée , le tout en pierres sèches qui rappellent jusque dans leur mode d'empilement certains murs corses ; on estime qu'environ 500 habitants y résidaient
Beaucoup d'hypothèses sont faites sur l'usage , les fonctions de cette cité , et ce qui reste fascinant , hormis la beauté formelle du lieu , est d'imaginer comment furent amenées et ajustées, si haut , si loin , de telles pierres , à l'image du mystère des pyramides.
Je redescends par la forêt , à pied , pour rejoindre le Rio Aguas Calientes , déchaîné et bouillonnant , impétueux , couleur de terre , ronflant , sous l'effet des pluies de la saison .

AREQUIPA

Une nuit de bus pour rejoindre la cité du sud , en finissant de traverser au petit matin les plateaux arides et secs , flanqués de volcans , 5 à 6 000 mètres , cônes enneigés , dont le Misti qui domine la ville de ses 5 822 mètres . L'Amazone prend sa source à qqes kms de là sur le Musmi pour terminer 7 000 kms plus loin dans l'Atlantique.
Arequipa , 2 ème plus grande ville péruvienne , 1 millions d'habitants , est bien ordonnancée , rues soigneusement perpendiculaires autour de la Plaza de Armas ; elle déborde de commerces de vêtements en alpaga , douceur inégalée , prix abordables , difficile de résister...
Je loge dans un hôtel à 2 cuadras de la place centrale , très calme , ancienne bâtisse coloniale réhabilitée ; le dueno est passionné de cactus , il a planté un jardin complet , espèces rares , inconnues pour moi : nous parlons la même langue.
A 2 heures de route , et pour 2 jours de randonnée , le Canon del Colca est enchâssé à plus de 1 100 mètres de profondeur . Nous apercevons au début de la descente 2 condors , 3 mètres d'envergure au dessus de ces pentes majestueuses , tâche blanche au milieu de chaque aile noire ; le second , sur son piton rocheux , voûté au repos , découvre un cou déplumé et rosé , comme un vautour , mais nettement plus grand et imposant.
Il faut plus de 2 heures pour rejoindre le Rio Majes , au fond par un sentier pierreux , parfois abrupt et glissant ; le bâton vendu dans un village des hauteurs est bienvenu.
On s'arrête pour déjeuner dans un petit village , verdoyant car alimenté par des cascades qui dominent.
Entre les murs de pierres sèches , miracle de l'eau , les jardins fournissent des citrons , des figues , des grenades , du maïs , des avocats , du poivre.
Ici on vit très calme , serein ; une route sur les hauteurs , loin , permet de rejoindre qqes villages et trouver l'huile , le sucre et le riz qui manquent.
Quelques heures plus tard , nous atteignons une autre oasis , hôtel simple et propre , diner de légumes et fruits poussant en contrebas , piscine d'eau naturelle et courte nuit.
Départ avant 5 heures , dans le noir avec la lampe frontale pour franchir dans l'autre sens le même dénivelé avec la pression de l'altitude ; pente jamais interrompue , effort permanent , souffle court pour atteindre , enfin , vers 8 heures le plateau d'arrivée , seulement doublés par des chevaux qui emportent qqes touristes ayant renoncé à monter à pied . Bel effort récompensé par cette vue magique sur la vallée profonde et les sommets encore enneigés au loin . Satisfaction de ne pas avoir renoncé , effort mental tout autant que physique , regarder le moins possible le sommet , du moins ce que l'on croit être le sommet , plusieurs fois repoussé derrière un nouveau vallon .
En haut , les déjà arrivés encouragent les derniers mètres de leurs suivants ; qqes femmes du village proche vendent fruits secs , boissons et bananes : c'est bon , très bon.
On m'a dit beaucoup de bien de la Bolivie qui n'était pas au programme initial , mais la frontière terrestre est fermée . Je rejoins La Paz , si proche en avion , via Lima , bien au nord ; pas d'autre solution car pas de vol direct.

UYUNI

Je ne vois presque rien de la capitale bolivienne , pluie et brouillard , et rejoins directement Uyuni à une nuit de bus.
Temps sec , ultra sec , froid la nuit , il gèle et vente , malgré la saison d'été , soleil fort en journée , presque jamais de précipitations à cette saison . Les pluies ont précédé il y a plusieurs semaines , recouvrant l'immense salar de 11 000 km2 d'environ 20 cms d'eau . L'assèchement d'un lac préhistorique a donné naissance à cette étendue blanche de sel , à 3 700 mètres ; au loin qqes montagnes et volcans qui , par phénomène optique , semblent flotter sur l'eau . Nous marchons tous en bottes plastique.
Plusieurs heures de contemplation , quasi hébétude , puis le soleil s'efface , le vent se lève , le froid nous saisit dans un moment unique et silencieux.
Le lendemain nous allons rouler des heures , toujours plus sud , routes poussiéreuses et parfois chaotiques , plateaux immenses , nous arrêtant au pied de formations rocheuses enchâssées dans les sables , de volcans encore enneigés , certains fumant , de lacs roses , bruns , de sources d'eau chaude souffrée , d'étendues d'eau infinies seulement limitées au loin , si loin , par les montagnes frontalières d'avec l'Argentine et le Chili .
Très peu de végétation pousse ici à plus de 4 000 Mètres , qqes touffes serrées d'une herbe résistante . On croise des lamas , des cousins de lapins , qqes lézards et des flamants roses , magistraux de finesse et d'élégance sur ces eaux inhospitalières , sel et arsenic notamment.
Le soir , bains d'eau chaude naturelle et fumante à plus de 40 degrés , piscine naturelle ; bientôt il gèle . On rentre diner puis dormir , bâtiments rudimentaires mais accueil chaleureux ; le vent soufflera une grande partie de la nuit sur cette immensité déserte et somptueuse
Dans cette région , ont été réalisés des essais de véhicules pour des expéditions vers d'autres planètes , Mars notamment , conditions les plus approchantes ici.
L'hiver , - 30 degrés et routes enneigées , parfois impraticables
Retour le lendemain en 8 heures vers Uyuni , paysages à l'envers , qqes routes nouvelles , pique nique au bord d'un lac rose , montagnes environnantes ; les flamants s'éloignent à bonne distance.
Peu de mots s'échangent sur cette route du retour , mélange de fatigue , froid et altitude , et de fascination pour ces lieux uniques et sauvages , immuables et hostiles , dont nous ne fumes que de furtifs et ébahis contemplateurs . A eux l'éternité , horizons vers l'au delà .

LA PAZ

Qui connaît , qui parle de la capitale bolivienne , la plus élevée du monde , 3 640 mètres ?
Et bien c'est un tort
La ville est plus pauvre que ses 3 consoeurs du nord , la population beaucoup plus typée andine , toutes les femmes portent cette sorte de petit chapeau melon , la chola , et des vêtements très colorés.
Et elle est engoncée à l'ensemble de ses extrémités entre des parois très abruptes qui ont obligé à des constructions spectaculaires.
En 2014 , après décision d'Evo Morales , fut mis en service le plus grand téléphérique urbain au monde , construction austro suisse , Doppelmayr , 30 kms , 6 lignes , chacune symbolisée par une couleur , 500 000 passagers jour , désengorgement du trafic routier assuré , 6 m/s , ticket à 40 cts
J'achète un billet qui me permet de faire le tour complet de la ville , vues spectaculaires , rêve de photographe de survoler littéralement la capitale.
Les installations sont parfaites , cabines spacieuses , gares modernes
A midi déjeuner dans un restaurant expérimental , cuisine ouverte , légumes andins , desserts sophistiqués , le mien un churros chocolaté , préparés sous mes yeux : au minimum une étoile , 3 plats , 10 euros .
C'est plein , il faut réserver , logique et belle récompense pour les 8 cuisiniers et le chef qui s'affairent , midi uniquement : Bolivian Popular Food , Murillo 826
Il n'y a pas que le Pérou pour ravir et étonner gastronomiquement

Ce soir , 180 degrés nord
Retour en Colombie , Medellin via Bogota

Hasta pronto

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