Thierry Pajot Thierry Pajot

Colombie / Equateur 1

Re start mais pas Re set

On the road again

Sempre espanol

Hommage d'abord à B. qui ne lira peut être jamais

Qui m'a donné envie de partir :

Années 70 , convoyage de BMW neuves de Munich à Téhéran

Afghanistan , sublime...toujours , mais miné désormais , Talibans

Corridor de Wakhan , peut être , le " bec de canard " coincé entre le Pakistan et le Tadjikistan , avec un bon fixeur...

Hommage donc

Vol du 30 décembre , 11 heures qui passent vite

Survol d'Haïti , la carte indique Cuba à l'ouest : Holguin , Santiago

Elio , Vladimir , Zoila , je m'arrêterais volontiers

Et puis , mais je l'ignore , Octave naît

Paris XIV , 18.10

Il s'appelle aussi comme moi , ouhhh

Décidément ,la naissance de Basile : Killarney Park , Ontario , la nuit précédente , meute de loups hurlant , nous , sous la tente , on n'en menait pas large : la peur physique

Il est des annonces d'évènements qui imposent des lieux qui ne s'oublient jamais : le fond du lac , cabane abandonnée

Il est des évènements qui imposent des présences , perdurant intactes , à jamais

Bogota

La ville humide et embrouillardée du précédent voyage a fait place au soleil et à un climat de printemps azuréen

Gillo est mon hôte , Bario Galerias

Impeccable , légèrement à l'écart du centre , quartier mixte commercial et habitations

Il me cède sa chambre , et nous allons échanger longuement avec son fils , Lucas , passionné de langues et singulièrement doué pour.

Je me rends de plus en plus compte que l'enseignement m'a ouvert les portes d'un univers mal connu auparavant : méthodes , histoire , ressemblances , motivation , formation

La ville tourne au ralenti , 31 / 1 , mais tourne bien , moderne avec qqes beaux gratte ciels , le centre historique , Musée Botero fermé , j'attendrai le retour en février pour le re visiter , je ne me lasse pas , l'exposition de Rotterdam m'avait emballé , 2016 , si loin , si près.

Et qqes quartiers résidentiels , Chapinero notamment , où nous avions logé

Sans chercher , je me retrouve au bar français Mistral ; j'y passe plusieurs heures à lire et fumer , croissants aux amandes ... regarder les innombrables chiens , si bien traités ici , et songer à ces années qui me séparent de ma dernière visite ici

Je prends le funiculaire pour Monserrate , qui domine toute la ville à 3 125 mètres

Qqes moments pour s'habituer à l'altitude

Et embrasser du regard la capitale et ses banlieues , les montagnes préservées à l'est ; le temps est clair , la vue impressionnante. Avec l'heure qui tourne , la foule grandit

En voyage , toujours partir tôt : moins de monde et lumière plus claire

Me reviennent les embarras de la vie quotidienne à Cuba , moins d'un mois de là :

Transports chaotiques , chers , incertains

Pas de lieux de convivialité , cafés inexistants

Commerces rares

Et pourtant , j'y repartirai , j'y retournerai

Si beau , si accueillants , si solidaires , si torride , de si belles personnes que je retrouverai je le sais et qqes villes à découvrir : Camagüey , Cienfuegos ...et Vedado à La Havane.

Retour à Bogota en février , vraisemblablement comme point de départ pour Medellin et si possible la Péninsule Guajira , extrême pointe nord du continent sud américain , désertique et décor de l'inoubliable " Les oiseaux de passage , Parajos de verano " , tourné sur le territoire des indiens Wayuu.

Départ en avion pour le sud , Popayan d'abord puis Pasto et son Carnaval de Blancos y Negros

A l'aéroport de Havana , 4 vols dans l'après midi

Ici on pourrait être à Chicago ou Schiphol , moderne , propre et efficace , vols incessants : pas le choix , le relief et les distances décident et imposent

Wi fi gratuite, embarquement sans agents , applications tip top : ça marche parfaitement La Colombie , mélange de modernité et de traditions authentiques et puissantes , paysages grandioses , dépaysements , bonne cuisine , accueil , : on dit comment pays de cocagne en colombien ?

Arrivée en début d'après midi à Popayan , ville proprette , le centre colonial , églises et maisons blanches sans étage qui font penser aux échoppes de Bordeaux , rues qui se croisent au carré . Au centre le Parque Caldas qui abrite encore les illuminations de Noël , curieux et inhabituel en plein soleil , comme à Cuba.

L'hôtel est à côté de la place , Camino Real , belle demeure de 1591 reconvertie.

Le chef est un grand , ici , et les murs sont ornés d'hommages à Paul Bocuse , accompagnés d'une photo dédicacée , un peu jaunie , mais émouvante ici , si loin.

La cuisine , mélange de traditions locales et de qqes touches de modernité , ingrédients du terroir , ne serait pas reniée par le Maître lyonnais.

La cuisine toujours : sur les conseils d'un couple islando colombien ( elle travaille à Reykjavik depuis 20 ans dans l'agence de voyages d'Iceland Air et me guide pour un périple à venir , aurores boréales , volcans , eaux chaudes , déserts enneigés...) je déjeune au Marché Bolivar. Ce sont 2 immenses salles , avec des stands , cuisines au milieu , chacun avec ses spécialités , ses figures et la clientèle uniquement locale qui vient , parfois tous les jours , se régaler à prix ultra modeste. Le conseil donc est d'aller chez une de ses amies , qui officie en chaise roulante , passant de la cuisine ouverte aux différentes tables , toujours souriante mais vigilante autour des feux , attentive à chaque table . L'acoustique n'est pas au top , cris et échanges le disputent aux ordres de commande ; qqes minutes après m'être assis , à une dizaine de mètres , le faux plafond en travaux s'effondre , la vie reprend après qqes minutes.Venant de la part d'Elisabeth et français , je suis traité comme un visiteur du guide Michelin qu'on aurait démasqué : riz , haricots noirs , légumes en sauce , avocats , un pur régal.

Après une matinée relaxante dans des bains d'eau chaude à plus de 50 degrés , Coconuco , Agua Tibias , je retourne à Silvia , petite ville aux pieds des montagnes , une heure de route de Popayan , marché du mardi déjà visité auparavant : rien n'a changé : les indiens Guambiano , vêtus de bleu et de fuschia , souvent vêtus de petits chapeaux ronds , calmes , souvent silencieux viennent ici vendre une fois par semaine leur production : légumes secs , graines , farine , riz , sucre peu raffiné en blocs marron , beaucoup de fruits et légumes

Et surtout une quinzaine de sortes de pommes de terre , en sac , des plus sombres au rose vif , des rondes , allongées aux protéiformes , des lisses aux couvertes de terre : un régal absolu de voir cette diversité , regrets , tellement envie de pouvoir goûter et comparer . Pierre Gagnaire , viens ici , tu ferais un malheur au retour rue Balzac. Bien sûr , la pomme de terre nous arrive d'Amérique du Sud ," papa " cultivée depuis le 13 ème siècle par les Incas , apportée en Europe au 16 ème par les conquistadors espagnols , " patata " .

Dans la rue , un bonimenteur vend des fioles soignant à base d'extrait de feuilles d'agaves : tout y passe , cancer , ménopause , rhumatismes ... La petite foule qui se presse est fascinée , il hurle dans son micro , je pars avant la fin du spectacle , sûr , il va faire un malheur et sa journée avec.

Je repars avec cette sensation d'immuable authenticité , de traditions perdurant , aux portables près , et d'une grande sérénité .

Départ pour Pasto , un des buts de ce voyage en Colombie : le carnaval de Blancos y Negros , chaque début d'année , du 2 au 6 janvier . Le 5 , les esclaves étaient rejoints , dans leur couleur , par le reste de la population . A L'inverse , le 6 , tout le monde se peignait et se peint encore en blanc .

Je loge au centre , Loft Hotel , peu de charme mais impeccablement propre et bien situé.

Le 4 au soir sur la Plaza Narino , après contrôle vigilant de la vaccination , la ville et les sponsors , banque , rhum local , bière offrent un concert qui me rappelle la Feria de Cali . Ca danse fort , serrés , jusque tard dans la nuit ; foule immense qui tangue et se balance , mélange de passions et d'alcools . La chanteuse est une vedette nationale , reine de la Salsa ; les airs sont connus par coeur et elle fait un triomphe.

Le 5 , la tradition s'est estompée : peu de déguisement en noir , mais place au polbo , sorte de talc que s'envoient tous les participants , batailles de rue , accompagné d'immenses bombes , comme de la crème à raser , là aussi résultat garanti : personne ni rien n'y échappe , jusque tard dans la nuit , le lendemain compris . Les rues semblent couvertes d'une poudre neigeuse qui se répand jusque dans tous les batiments .

Je demande : il faudra 3 jours pour nettoyer la ville

Je rentre , mon poncho intégralement blanchi , vieilli de qqes années.

Le 6 est le jour magique : les chars du défilé sont installés , une petite centaine sur une avenue centrale , plein soleil . le covid empêche qu'ils roulent et ce sont les dizaines de milliers de visiteurs qui vont se presser pour les admirer et se faire photographier.

Depuis des mois , les quartiers de Pasto , les villes environnantes ont créé et construit ces chars , peints aux couleurs vives tant prisées ici . Statiques , animés avec des moteurs , à destination des enfants ou adultes , parfois gigantesques , drôles , effrayants , figures inventées ou reprises de personnages traditionnels , mythiques , de dessins animés contemporains , historiques , politiciens moqués , traits de caractère exagérés , monstres , géants , bimbos ...

Tout y passe

Jusqu'à l'ouverture , à 10 heures ,tous les réalisateurs s'affairent pour terminer , recoller , réparer , assembler , hisser .

Avec un petit subterfuge , :-) , je suis entré depuis tôt le matin , moment extatique pour photographier et interroger , féliciter ces artistes

C'est absolument unique et somptueux

Toute la journée , ce défilé statique s'offre aux visiteurs , venus de toute la Colombie et des pays environnants du continent

Vaut le voyage comme on dit à Clermont Ferrand

Direction l'Equateur avant de revenir à Bogota dans qqes semaines

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Thierry Pajot Thierry Pajot

Colombie / Equateur 2

TRAVERSEE DE LA FRONTIERE COLOMBIE / EQUATEUR

De Pasto , bus pour la frontière avec l'Equateur , Ipiales
Le long de la route , des réfugiés vénézuéliens , familles entières , avec enfants et sacs surchargés , exténués , j'y reviendrai.
D'autant que des tentes de l'UNHCR sont dressées à l'entrée du petit pont qui sépare les 2 pays pour les accueillir , mais peu passent par le poste frontière officiel , sans papiers , ils choisissent les forêts environnantes , encadrés par les passeurs locaux , non bénévoles.
Me concernant , je sors de Colombie facilement.
Au milieu du pont , réellement entre les 2 pays , contrôle Covid par les autorités sanitaires
Test PCR de moins de 3 jours requis , pas en règle , donc je rebrousse chemin , rentre de nouveau en Colombie et retour à Ipiales
Le laboratoire est nickel , efficace , temps d'attente compris , en moins de 2 heures , j'ai le document , sésame pour :

Retourner à la frontière

Ressortir de Colombie

Passer la zône de contrôle médicale

Entrer , enfin en Equateur

Moralité : tests Covid à préparer systématiquement à chaque passage de frontière
En bus maintenant , avec wifi , pour la première étape , Otavalo
En équateur , la devise est le dollar US
Curieux de retirer des dollars au distributeur en pays andin
Mais c'est ainsi depuis 2 000 , décision du Président d'alors Mahuad , conduisant à sa démission suite au refus de nombreux équatoriens
Finalement , à l'automne de la même année , la mesure fut finalement adoptée et aujourd'hui c'est un atoût pour le pays.

OTAVALO

A mi chemin entre la frontière et la capitale , Quito , j'arrive à Otavalo en fin d'après midi .
Otavalo , 40 000 habitants , jolie ville coloniale , est enserrée entre 2 volcans qui la dominent , cônes souvent dans les nuages :

Le Cotacachi , 4 939 mètres

Le Imbabura , 4 609 mètres

Et c'est ainsi sur toute la colonne andine , axe nord sud , avec le record pour le Chimborazo , 6 263 mètres , 6 heures au sud de Quito
J'arrive à Otavalo le vendredi soir car le samedi est le jour du marché artisanal , réputé dans tout le nord de l'Amérique du Sud
Dès ce soir , les marchands commencent à installer leurs stands sur la Plaza de Ponchos , ce sont des habitants de la ville et des villages environnants
Le matin , tôt , soleil splendide
C'est non seulement la grande place , mais également toutes les rues environnantes qui accueillent cet artisanat magnifique :
Châles et couvertures en alpaga , bonnets et gants de laine , ponchos , bracelets et bijoux , vestes matelassées ...
Et les panamas , car les panamas , les vrais comme leur nom l'indique , sont fabriqués en jeune pousse de palmier , à Cuenca et Montecristi , Equateur
Pendant la construction du canal de Panama , les ouvriers achètent les chapeaux équatoriens pour se protéger du soleil , d'où leur nom
Il sera considéré comme un symbole d'élégance et popularisé par:

Humphrey Bogart , Casablanca

Alain Delon , Jean Paul Belmondo , Borsalino

Robert Redford , Gatsby le Magnifique

Je craque et j'en achète un , parmi plusieurs modèles , blanc , crème , marron plus ou moins foncé , tous souples et pouvant se rouler , 18 USD

DIRECTION QUITO , CAPITALE - LES REFUGIES VENEZUELIENS

Il faut moins de 2 heures pour rallier Quito en bus confortable et régulier
Le long de la route , comme dans les rues déjà , de nombreux vénézuéliens le plus souvent en famille
Tout commence en 1998 , dans ce pays richissime , gorgé de pétrole , réserves estimées , 1/3 des réserves mondiales ; gaz , 4 éme réserve mondiale
Hugo Chavez est élu Président sur son programme , mélange de socialisme tiers mondiste et de Bolivarisme , ami indéfectible de Fidel Castro à qui il livrera du pétrole à bon prix
Accent mis sur la santé , l'éducation , l'habitat , expropriation de nombreux entrepreneurs , remplacement des dirigeants des entreprises publiques , notamment pétrolière , PDVSA , par des fidèles , incompétents
La santé , j'en ai bénéficié : méchamment blessé au pied il y a une dizaine d'années , j'ai été soigné dans un ambulatorio , très efficacement
Les plus aisés fuient , notamment vers les USA , 1981 à la sud américaine...
Malade , Chavez laisse le pouvoir à Nicolas Maduro en 2012 , son fidèle de l'ombre , qui n'a pas une once de son talent de leader et d'orateur charismatique
Le pays allait mal , il va s'enfoncer : pénuries , inflation , baisse du prix du pétrole , pression et sanctions US , criminalité , émeutes réprimées , démocratie vacillante , tout y est
La vie y devient très difficile : 6 millions d'habitants , estimation , sur 32 vont fuir dès 2012 , beaucoup via la Colombie , le pays est devenu " un carcel a cielo abierto " , d'autres vers le Brésil , les Caraïbes
Le flux , moindre , continue aujourd'hui , me rappelant , chaleur asphyxiante en moins , les éthiopiens décharnés sur les routes de Djibouti , en route , quand ils n'en mourraient pas , pour Bab el Mandeb , le Yémen et enfin l'Arabie Saoudite ou les Emirats , espoir , mirage d'une vie meilleure , exploitation assurée
Principales destinations ici :

la Colombie , voisin occidental , relations très tendues , diplomatiquement rompues depuis 2010

l'Equateur , attrait du dollar et relative proximité géographique

le Pérou , besoin de main d'oeuvre docile et bon marché

le Chili , niveau de développement élevé

Partout , leurs conditions de vie sont précaires , pauvreté , délinquance , rejet par la population , montée de la xénophobie , cf. Kast au Chili , candidat très conservateur , battu au second tour en décembre
A Quito , comme partout ailleurs , pas une heure sans qu'ils se présentent à la porte des maisons , commerces , cafés pour vendre qqes objets futiles ou proposer leurs services en tous genres ; beaucoup fouillent les poubelles , enfants compris
Aux feux , certains jonglent ou marchent sur des fils tendus au dessus des voitures pour qqes pièces , équilibristes de leurs vies tragiques , pauvres hères
Ainsi le Venezuela a laissé partir , a conduit , a forcé à tout abandonner plus de 20 % de sa population , dans des conditions de pauvreté et de précarité dramatiques , le plus souvent sans papiers
Résultat de choix aberrants , comme à Cuba , pavés de bonnes intentions initialement , s'enferrant et devenant des illuminés dogmatiques , tragiques assassins de leurs populations , bien au chaud , retranchés avec les attributs du pouvoir , usant de la force si nécessaire contre leurs frères et soeurs : meurtriers devant l'Histoire
A Bogota , j'aide Ana Karina .
Photographe talentueuse de Caracas , passeport expiré , donc pas de possibilité de travail déclaré , donc peu ou pas de revenus , vie précaire
Elle doit retourner dans son pays pour en faire établir un nouveau : 700 à 5 000 $ , les mafias locales et qqes autorités véreuses ont flairé le bon filon
Flux incessants de pauvres gens , enfants ballottés sans éducation ni soins , qui se battent pour leur survie dans la quasi indifférence des nations et des peuples du monde
Ainsi va notre planète : tragique , injuste , indigne , honteuse , chaque époque ses crimes et ses leaders monstrueux


Quito , bientôt , pronto

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Thierry Pajot Thierry Pajot

Colombie / Equateur 3

Amazonie !

A l'évocation de ce nom , tout se bouscule : Raoni , luxuriance , Salgado , déforestation , Bolsonaro , faune dangereuse , Herzog , Belem ,curare , De La Condamine , toucans , Korubos , araignées , Nahua , survie , Manaus , piranhas...
5 millions de Kms 2 , 9 pays du continent , une espèce de poissons et d'oiseaux sur 5 y vivent.
Parmi les 9 , il y a l'Equateur.
Nous voyageons de nuit depuis Quito pour la réserve de Cuyabeno , plein est , à la frontière du Pérou , 6 000 Kms 2 , un des sites de biodiversité les plus denses au monde : 12 000 espèces de plantes , 60 d'orchidées , 550 espèces d'oiseaux , 350 de poissons.
Saison pluvieuse d'avril à juillet
Mixte jusqu'à novembre
Sèche , décembre à mars : le rio pour atteindre le lodge depuis notre arrivée en bus est assez bas et nous devrons franchir , en descendant du canoe , des tronc d'arbres gisant par le fond ; en qqes heures de pluie le niveau aura remonté d'au moins un mètre.
La forêt est inondée pendant la saison des pluies et nous marcherons là , où l'été , nagent dauphins et caïmans.
L'eau est d'un marron terre de sienne dense , la décomposition des matières organiques est à l'oeuvre , du tanin est présent aussi.

Nous sommes un groupe d'une dizaine : Equateur , USA , Allemagne , Suisse , Kazakhstan , France.
Bonne ambiance , très bonne ambiance , horizons variés , chacun apporte sa curiosité et , ou , ses savoirs ; et beaucoup de bonne humeur
Le Dolphin Lodge , au bord du Rio , est tenu par qqes membres des communautés de Cuyabeno , cuisine , entretien et 3 guides dont Pedro qui connait bien les lieux , flore , faune , habitants.
Tout est en bois , belle et grande salle à manger , toit de palme , chambres spacieuses , eau chaude : tout confort , le tout entre le Rio et la forêt
On mangera bien , local : poissons , poulet , riz et légumes , pâtes , oeufs , fruits au dessert et petit déjeuner, granola , pain maison , gâteaux , jus de fruit : ouhhh , top.

Pendant 3 jours , nous allons alterner les randonnées , à pied autour du lodge , le plus souvent en pirogue, Laguna Grande très à sec , village indigène...
Plein jour , aube , crépuscule , nuit
La température peut monter , et surtout l'humidité , dans la forêt qui se densifie , ou dans la région du village , à la mi journée.Mais le plus souvent c'est tout à fait supportable
Surprise : pas de moustique , bon choix pour la saison
Les filets autour des lits ne serviront pas

A chaque sortie , c'est l'occasion de découvrir et connaître des espèces d'arbres , plantes , insectes , oiseaux , animaux , leurs cohabitations , rivalités , défenses , vies communes, prédations.
Les explications sont claires et riches , le savoir impressionnant , merci à la grand mère de Pedro qui lui a transmis une partie de ses connaissances.
Je suis fasciné au terme de ces qqes jours par :
/ la force , la beauté qui se dégagent de ces paysages , les bruits étranges , nouveaux bien sûr , la nuit magique où de nouvelles espèces séduisent , chassent , charment , se préviennent , communiquent , tuent , s'accouplent : la vie , quoi !
/ l'incroyable richesse , biodiversité de ce milieu
/ la connaissance par les habitants indigènes des espèces : leurs dangers , vertus , valeurs , risques , et finalement leur ingéniosité à utiliser la moindre plante , le moindre insecte , animal ; eux mêmes partie de cet univers sublime et fascinant , équilibre de ressources et de vie
/ l'utilité , vitale , des ressources , pour boire , se nourrir , se défendre , se loger , se retrouver , survivre , seules ou combinées , visibles ou invisibles , microscopiques ou géantes ; ou le danger absolu que certaines peuvent constituer , poisons lents ou immédiats , piqures mortelles : le meilleur côtoie le pire , la vie , la mort

Qqes exemples pour éclairer et illustrer :

/ Pour tuer les proies , singes par exemple , les habitants confectionnent des tiges de flèches en bois fin ; une liane fournit le curare , le piranha une de ses dents pour la pointe , enduite du poison afin que la flèche ne puisse sortir du corps et le produit paralysant faire son oeuvre
/ Pedro dégage de l'écorce d'un arbre une fourmi transpercée d'une fine tige , boule orange à l'extrémité , petit champignon en fait .C'est un Ophiocordyceps Unilateralis comme chacun sait . Découverte en 1859 par le savant Alfred Russel Wallace.
La fourmi ingurgite un spore du champignon trouvé sur le sol , qui la parasite en qques jours ; elle ira finir sa vie en hauteur sur l'arbre , le champignon poussant dans son corps , le transperçant par la tête , croissant pour finalement libérer les spores , depuis les hauteurs , à l'extrémité de la tige qui iront contaminer d'autres victimes et permettre la croissance de nouveaux champignons

Merci au savoir de Marie et Paul
/ Une liane particulièrement coupante fait office de ciseaux pour les cheveux
/ Un arbre permet à la fois de s'abriter en recouvrant ses racines et de se faire entendre à grande distance en frappant sur le bas de son tronc
/ Au titre des curiosités , un autre type d'arbre , walking palm tree , en renouvelant ses racines , aphrodisiaques par ailleurs , se déplace pendant son existence ; certains auraient ainsi parcouru 20 mètres

Nous nous rendons dans un village indigène

La cuisinière des lieux nous montre comment déterrer les racines de yuca , manioc en fait . Nous en rapportons qqes kgs en cuisine : lavage , épluchage , râpage , essorage , tamisage : l'ensemble , désormais comme une ricotta déshydratée , est prêt pour être cuit sur une plaque ronde chauffée à blanc : " la jungle pizza " à recouvrir au choix , de confiture ou tout autre ingrédient salé.
La plaque à pizza est la même que celle rapportée au printemps du Nord Kenya
Le coffre en bois où officie la cuisinière avec son manioc est le même , y compris le matériau , que le plateau sculpté pour étaler le même manioc que j'ai âprement négocié il y a dix ans dans une forêt du Congo Brazzaville
Il faut acheter à l'extérieur du village 2 ingrédients clé : riz et huile

Le chaman nous rejoint après le plantureux déjeuner , bananes fruits , légume , séchées , papaya
C'est le docteur , sorcier du village , la tête ceinte de plumes , toucan notamment , colliers et bracelets abondants
Qqes bouteilles avec lui dont le fameux ayahuasca , préparation hallucinogène , décoction à base de lianes , comprenant un puissant psychotrope le DMT.
Résultat , hallucinations fortes , nausées , vomissements , l'ensemble dans le cadre de cérémonies rituelles menées par le chaman.
On échange ainsi avec le monde invisible et ses esprits...
Qqes uns trempent leurs lèvres , pas moi
Je suis méfiant vis à vis des addictions possibles , gère mes échanges avec les vivants plus ou moins bien , quant aux esprits et ceux de ceux qui m'ont quitté , j'ai mes moyens de communiquer avec eux , au moins unilatéralement et toujours sans effets hallucinogènes.

Nous nous rendrons dans l'immense Laguna Grande , à son plus bas niveau.
Les caimans se prélassent sur la terre séchée et craquelée et s'enfuient dans l'eau à notre approche.
Nous manquerons le gigantesque anaconda , plus grand serpent du monde , jusqu'à 8 mètres et 200 kgs , caché au fond du marais , suite à la pluie nous dit on.
Nous entendrons le cri du singe hurleur : puissance phénomènale , plus de 10 minutes sans interruption , à mi chemin entre le son de l'autoroute et celui d'un moteur d'avion au décollage ...

Au retour vers le lodge , au lieu des paires d'yeux de caiman qui brillent sous le feux de nos lampes avant de disparaître dans les eaux du Rio , l'un d'eux demeure plusieurs minutes à portée de bras de notre pirogue , sa tête hors de l'eau , instants prégnants , terrifiants ; il disparaît dans l'eau nous éclaboussant , ultime salut du maître des eaux .
Au retour , deux paresseux , bien accrochés à l'envers à leur tronc d'arbre , tenus par leur griffes , fourrure épaisse et assez longue , gris foncé : aucun mouvement ou presque ; l'un d'eux se gratte à vitesse normale toutefois. Sommeil 15/18 heures par jour . Ils ne descendent sur le sol qu'une fois par semaine pour faire leurs besoins ; rien ne les y oblige , mais bon ...
Leur lenteur est leur forme de camouflage vis à vis de leursprédateurs . Ils s'accouplent tous les 2 ans . A quelle vitesse ? Peu importe au final , les deux ne sont pas pressés et ne sont pas en mesure de faire de reproche à leur partenaire.

Retour à la vie dite civilisée , voire ; moments passés hors du temps et de l'espace habituels
Civilisations et milieux qui nous ont ouvert leurs portes , appris et impressionné ; envie d'y revenir un jour pour des lieux encore moins explorés et pour plus longtemps : s'enfoncer dans la jungle

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Thierry Pajot Thierry Pajot

Equateur / Peru 4

Plein Sud

Riobamba , beaucoup de familles vénézuéliennes dans les rues , près du terminal de bus , à proximité des petits malls commerciaux , pas loin de la plaza de torros , qui ne réouvrira qu'en avril , saison taurine oblige.
Selon le taxi ils ont , ici , moins de pression pour partir que dans les villes plus grandes et , relativement , des conditions de vie moins dégradées , plus acceptables , voire ; arrivés depuis 3 , 4 ans . J'en rencontrerai tout le long du voyage , comme une interminable trainée de douleur qui s'est répandue tout le long du continent de Riohacha à Ushuaïa
Les enfants ballotés , emmaillotés , le regard implore pour les ainés , supplie pour leurs mamans , les plus jeunes ne savent pas , rien d'autre que cette vie de précarité , à la merci des passeurs , des exploiteurs de tous genres , parents prêts à tout pour assurer un minimum de survie .
Tu as raison : ce pourraient être les miens.

Riobamba est construite entre 2 volcans : le Sangay cône enneigé presque parfait à l'est et surtout , majesté éruptive , le Chimborazo , 6 263 mètres , base de 20 kms de diamètre ,.sommet le plus élevé des Andes Equatoriennes , et du monde .
Aujourd'hui , l'altitude est mesurée par rapport au niveau de la mer . Si l'on prend un point invariable comme le centre de la terre et à l'aide de la géodésie satellitaire , alors , de loin , c'est le Chimborazo qui l'emporte , renflement équatorial aidant , le rayon de la terre y est environ 21 kms plus long qu'au pôle .
Les chiffres sont implacables :
Le Chimborazo est à 6 384.42 mètres du centre de la planète
L'Everest à 6 382.61 mètres de ce même centre.
Mais l'essentiel n'est pas là
Je quitte en bus , le matin tôt , Riobamba pour la base du volcan ; le temps est gris et couvert , je m'endors dès les premiers tournants.
Après une heure , réveil presque mécanique , plus de 4 000 mètres : c'est sublime , magique : cône imparfait , neige et glaces recouvrent le sommet coiffé de nuages qui glissent tout au long . Majestueux , imposant , dominateur ...
Le souffle est court , la transition avec la vallée rapide , le vent rudoie celui qui est parti légèrement équipé . Mon intention n'était pas de gravir , l'accès au sommet est fermé , Covid oblige , comme tous les musées des environs.
Le long des flancs paissent et se reposent des lamas , assez peu craintifs et flegmatiques , étrangers à mes photos et au froid . J ' aime leur tête énigmatique et je suis sûr que leur fourrure est un monstre de douceur , l ' alpaga est un proche cousin.
Je n'attends pas le bus en sens inverse pour redescendre mais à la bodega , auto stop avec un installateur d'électro ménager qui revient de sa tournée dans les petits villages des alentours.

Encore qqes heures de bus , ce dimanche matin , pour rallier Cuenca , ville Unesco.
Ils ne se sont pas trompés . La terrasse de ma guest house a la vue sur les dômes bleus clair de la cathédrale Nueva , éclairés de nuit .
Santo Domingo : l'église assez imposante , en plein centre , proche de la place Calderon est dotée d'une particularité que je n'ai jamais rencontrée : le plancher est fait de bois , un parquet sombre qui craque , presque versaillais . Le rendu est très chaleureux .
A quelques pas , l'un des 2 musées boutiques de panamas .
Pas de fabrication ce jour mais on découvre les moules métalliques avec différentes formes , les machines à pression injectant de la vapeur pour mouler les galus .
Le plus étonnant est la variété de couleurs , entrelacs de fibres , variété des rubans , formes diverses , hommes , femmes , créativité et réussite.
J'en achète un.
J'échange avec Menno , ami d ' Amsterdam , magasin de mode ultra chic , au bord d'un canal : il veut s'approvisionner . Je lui redis ma conviction qu'un jour la mode du chapeau hommes reviendra

La frontière terrestre avec le Pérou est close
Seule solution l'avion , comme le Rwanda depuis l'Ouganda au printemps dernier , Kampala Entebbe , Kigali.
Je file à Guayaqil , ça sonne bien , non ?
Covid : pas de test si attestation en règle , ouf
Billet cher , j'explique qu'un aller à ce prix , j'achète un AR Paris Tokyo
Ca laisse la vendeuse d'Avianca impavide
A 9 heures à Cuenca , à 21 heures à Quito
Le taxi file dans la nuit et me dépose à Miraflorès

Hasta pronto

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Thierry Pajot Thierry Pajot

Peru 5

Lima ,détruite presqu'intégralement par un tremblement de terre en 1746
Reconstruite , très baroque
Dans les années 20 , sur le modèle de notre urbanisme parisien , de grands boulevards ont été dessinés , rendant la circulation fluide et donnant un sentiment d'espace.
L'épisode tragique , 70 000 morts , du mouvement terroriste Sentier Lumineux , d'inspiration maoîste ,, entraîna une migration importante en provenance des régions andines
A cette immigration s'est substituée celle des vénézuéliens , ici , comme dans tout le continent
Lima , c'est plus de 10 millions d'habitants , plus de 40 quartiers avec leurs municipalités , leurs caractères propres , leurs styles :
Miraflorès est chic , immeubles sur la mer , hôtels de luxe , restaurants hauts de gamme , magasins comme dans une capitale européenne
Barranco est bohême , Broadway hispanique , commerces tendance , galeries d'art , maisons colorées de qqes étages , murs peints , nouvelles expériences culinaires , musée d'art moderne : on s'y sent vite bien , on trouve ses repères , café d'inspiration italienne , magasin d'artisanat de toutes les régions du pays , bois , tissus , orfèvrerie , envie de tout emporter , le chef designer est romain.

Le musée Larco rassemble des collections pré colombiennes et Inca dans un décor de rêve : jardin méticuleusement entretenu , restaurant sous les treilles , près des cactus , sic , dirigé par Ricardo qui a fait ses classes chez Adria Ferran : moins conceptuel ici mais magnifique , on échange un long moment , entre connaisseurs :-)
La gastronomie à Lima , au Pérou , est une passion , un art
Emmené par Gaston Acurio , icône charismatique ici , depuis 40 ans , école "Cordon Bleu" locaux imposants qui forme les plus grands chefs , étals invraisemblables des marchés , maïs violet , pommes de terre fuschia , tomates bleues . Poissons et fruits de mer évidemment , compétition permanente pour le meilleur , le plus créatif des ceviche, merci pour moi.
Et pas seulement le haut de gamme , de nombreuses échoppes , petits locaux sont pleins du déjeuner au diner , car il n'y a pas d'heure fixe ici pour déguster
Mélange des cultures gastronomiques , andine , côtière , japonaise , plus grande communauté d'Amérique du Sud , Fujimori fut Président , terroirs si variés , pas de vin , on l'importe d'Argentine et du Chili , mais l'alcool local pisco , lui aussi magnifié
Mario Vargas Llosa , prix Nobel péruvien de littérature , a célébré Gaston : " Personne n'a autant contribué à ce que le mond découvre et reconnaisse que ce pays jouit également d'une cuisine aussi complexe que celle de la France ou de la Chine . Il a redonné de la fierté à son peuple "
Chaque fois que je changerai de région , on me recommandera de goûter les spécialités locales , jusqu'aux cochons d'Inde ...

On ne plaisante pas avec le Covid ici :
Frontières terrestres fermées avec l'Equateur et la Bolivie , réciproquement en retour
Fermeture des bars et restaurants à 23.00
Contrôle systématique des documents sanitaires
Doubles masques

La baie est immense , spectaculaire , bordée par la Costa Verde , où l'on surfe , et que longent de grands immeubles modernes à flancs de falaises à Miraflorès ou des maisons avec terrasses à Barranco pour qqes happy few.
Les quartiers populaires s'étendent au nord et à l'est
Au centre , l ' immense Plaza de Armas est ceinte par le palais présidentiel , la mairie et la cathédrale , reconstruite après le tremblement de terre , baroquissime à souhait .
A qqes pas , une grande librairie si bien achalandée : les ouvrages sont tous en espagnol mais beaucoup sont des traductions des littératures européennes et américaines ; pas que , car les littératures sud américaines sont foisonnantes et puissantes : Ici , Vargas Llosa , déjà nommé , Ribeyro que l'on me recommande et puis plus loin , Garcia Marquez , Borges , Paz , Neruda , Sepulveda ...

Qqes examens à l'hôpital : Policlinico San José Obrero , l'établissement est affilié à l'église , qui est située à l'entrée
Je fais la queue puis passe au guichet , 6 euros la consultation , tout est intégré et bien organisé : Pharmacie , laboratoire de prélèvement et d'analyse , cabinets de rendez vous , par spécialités
Pas ultra moderne , mais très propre , le personnel est compétent , disponible , discret , comme tous les péruviens : je me sens en confiance

Je quitte Lima à regret : j'ai adoré cette ville colorée , animée , pleine d'énergie , d'innovations , pétrie d ' histoire andine , étonnamment moderne et développée , majestueuse sur cette rive orientale du Pacifique.
J'y reviendrai en sauts de puce , pour repartir à Cusco et si tout va bien pour m'envoler vers La Paz , Bolivia
Je descends en 4 heures de bus , le long de la côte sableuse à Paracas
Paracas , ses iles où se prélassent les lions de mer , profitant des eaux froides et poissonneuses , courant de Humboldt oblige
Ses pêcheurs du petit matin , revenant avec 2 caisses de petits poissons que je n'arrive pas à identifier , vendues 60 euros chacune à un grossiste qui les expédie à Lima , restaurants exclusifs
Ses côtes venteuses et imposantes , sable envahissant , vague majestueuses : on prend la mesure de l'immensité et de la puissance du Pacifique ; malheureusement souillé juste au nord de la capitale par une marée noire

Petit saut à Huacachina , dans les terres , oasis miraculeuse au milieu d'immenses dunes qui me rappellent un peu l'Aîr au Niger , dromadaires en moins , buggy en plus
Le monde est petit : je rencontre des versaillaises en voyage péruvien , l'une d'elles connaît Juliette.
Je vais obliquer pour Cusco , 1 100 kms au sud est de Lima , traversée de la Cordilière des Andes , 22 heures de bus , sièges couchettes comme en business , hôtesses , turbulences et plateaux repas en moins.

Le Sud , toujours plus sud depuis Bogota , comme un aimant méridional qui m'emporterait jusqu'au canal de Beagle via l'Atacama et la Patagonie , entre autres
Bientôt , Chili et Argentine , Géorgie du Sud , sans oublier la forêt amazonienne à retrouver , gigantisme impénétrable et fascinant
Magique Amérique du Sud

Hasta pronto

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Thierry Pajot Thierry Pajot

Peru / Bolivia 6

CUZCO

Cuzco est belle , lovée dans une immense vallée , rues pavées , musées , palais et églises baroques
Mais vraiment trop de tourisme , de sollicitations alors qu'on n'évoque que 20 à 30 % de l'étiage habituel , Covid oblige
Je loge dans une auberge , plein au centre , qui vient de rouvrir ; le couple est aux petits soins pour ce premier client , veillant tard jusqu'à mon retour , petit déjeuner traditionnel , oeufs , jus de fruit , pain frais servi sur la terrasse , internet via leur téléphone .
Les péruviens sont calmes , discrets , attentionnés ; je n'en ai pas vu se disputer jusqu'alors
Je suis venu à Cuzco pour voir le Machu Picchu , cité Inca du 15 ème siècle
L'organisation est parfaitement au point : bus dans la nuit jusqu'à Ollantaytambo , puis train spécial pour Aguas Calientes 400 mètres en contrebas et re bus jusqu'au Machu Picchu
Le train est confortable , Covid contrôlé , double masque obligatoire.
Les visites se font à heure fixe , par petits groupes d'une dizaine.
Cette cité , perdue et oubliée pendant 4 siècles , fut redécouverte par l'historien américain Hiram Bingham en 1911 , totalement en friches , sur les dires de familles de paysans de la région ; avant Covid , 1.5 millions de visiteurs se rendaient chaque année sur place.
L'ensemble de la cité est situé sur un promontoire , entouré de montagnes le plus souvent côniques ; elle est composée d'une zône agricole en terrasse et d'une zône urbaine avec une partie sacrée , le tout en pierres sèches qui rappellent jusque dans leur mode d'empilement certains murs corses ; on estime qu'environ 500 habitants y résidaient
Beaucoup d'hypothèses sont faites sur l'usage , les fonctions de cette cité , et ce qui reste fascinant , hormis la beauté formelle du lieu , est d'imaginer comment furent amenées et ajustées, si haut , si loin , de telles pierres , à l'image du mystère des pyramides.
Je redescends par la forêt , à pied , pour rejoindre le Rio Aguas Calientes , déchaîné et bouillonnant , impétueux , couleur de terre , ronflant , sous l'effet des pluies de la saison .

AREQUIPA

Une nuit de bus pour rejoindre la cité du sud , en finissant de traverser au petit matin les plateaux arides et secs , flanqués de volcans , 5 à 6 000 mètres , cônes enneigés , dont le Misti qui domine la ville de ses 5 822 mètres . L'Amazone prend sa source à qqes kms de là sur le Musmi pour terminer 7 000 kms plus loin dans l'Atlantique.
Arequipa , 2 ème plus grande ville péruvienne , 1 millions d'habitants , est bien ordonnancée , rues soigneusement perpendiculaires autour de la Plaza de Armas ; elle déborde de commerces de vêtements en alpaga , douceur inégalée , prix abordables , difficile de résister...
Je loge dans un hôtel à 2 cuadras de la place centrale , très calme , ancienne bâtisse coloniale réhabilitée ; le dueno est passionné de cactus , il a planté un jardin complet , espèces rares , inconnues pour moi : nous parlons la même langue.
A 2 heures de route , et pour 2 jours de randonnée , le Canon del Colca est enchâssé à plus de 1 100 mètres de profondeur . Nous apercevons au début de la descente 2 condors , 3 mètres d'envergure au dessus de ces pentes majestueuses , tâche blanche au milieu de chaque aile noire ; le second , sur son piton rocheux , voûté au repos , découvre un cou déplumé et rosé , comme un vautour , mais nettement plus grand et imposant.
Il faut plus de 2 heures pour rejoindre le Rio Majes , au fond par un sentier pierreux , parfois abrupt et glissant ; le bâton vendu dans un village des hauteurs est bienvenu.
On s'arrête pour déjeuner dans un petit village , verdoyant car alimenté par des cascades qui dominent.
Entre les murs de pierres sèches , miracle de l'eau , les jardins fournissent des citrons , des figues , des grenades , du maïs , des avocats , du poivre.
Ici on vit très calme , serein ; une route sur les hauteurs , loin , permet de rejoindre qqes villages et trouver l'huile , le sucre et le riz qui manquent.
Quelques heures plus tard , nous atteignons une autre oasis , hôtel simple et propre , diner de légumes et fruits poussant en contrebas , piscine d'eau naturelle et courte nuit.
Départ avant 5 heures , dans le noir avec la lampe frontale pour franchir dans l'autre sens le même dénivelé avec la pression de l'altitude ; pente jamais interrompue , effort permanent , souffle court pour atteindre , enfin , vers 8 heures le plateau d'arrivée , seulement doublés par des chevaux qui emportent qqes touristes ayant renoncé à monter à pied . Bel effort récompensé par cette vue magique sur la vallée profonde et les sommets encore enneigés au loin . Satisfaction de ne pas avoir renoncé , effort mental tout autant que physique , regarder le moins possible le sommet , du moins ce que l'on croit être le sommet , plusieurs fois repoussé derrière un nouveau vallon .
En haut , les déjà arrivés encouragent les derniers mètres de leurs suivants ; qqes femmes du village proche vendent fruits secs , boissons et bananes : c'est bon , très bon.
On m'a dit beaucoup de bien de la Bolivie qui n'était pas au programme initial , mais la frontière terrestre est fermée . Je rejoins La Paz , si proche en avion , via Lima , bien au nord ; pas d'autre solution car pas de vol direct.

UYUNI

Je ne vois presque rien de la capitale bolivienne , pluie et brouillard , et rejoins directement Uyuni à une nuit de bus.
Temps sec , ultra sec , froid la nuit , il gèle et vente , malgré la saison d'été , soleil fort en journée , presque jamais de précipitations à cette saison . Les pluies ont précédé il y a plusieurs semaines , recouvrant l'immense salar de 11 000 km2 d'environ 20 cms d'eau . L'assèchement d'un lac préhistorique a donné naissance à cette étendue blanche de sel , à 3 700 mètres ; au loin qqes montagnes et volcans qui , par phénomène optique , semblent flotter sur l'eau . Nous marchons tous en bottes plastique.
Plusieurs heures de contemplation , quasi hébétude , puis le soleil s'efface , le vent se lève , le froid nous saisit dans un moment unique et silencieux.
Le lendemain nous allons rouler des heures , toujours plus sud , routes poussiéreuses et parfois chaotiques , plateaux immenses , nous arrêtant au pied de formations rocheuses enchâssées dans les sables , de volcans encore enneigés , certains fumant , de lacs roses , bruns , de sources d'eau chaude souffrée , d'étendues d'eau infinies seulement limitées au loin , si loin , par les montagnes frontalières d'avec l'Argentine et le Chili .
Très peu de végétation pousse ici à plus de 4 000 Mètres , qqes touffes serrées d'une herbe résistante . On croise des lamas , des cousins de lapins , qqes lézards et des flamants roses , magistraux de finesse et d'élégance sur ces eaux inhospitalières , sel et arsenic notamment.
Le soir , bains d'eau chaude naturelle et fumante à plus de 40 degrés , piscine naturelle ; bientôt il gèle . On rentre diner puis dormir , bâtiments rudimentaires mais accueil chaleureux ; le vent soufflera une grande partie de la nuit sur cette immensité déserte et somptueuse
Dans cette région , ont été réalisés des essais de véhicules pour des expéditions vers d'autres planètes , Mars notamment , conditions les plus approchantes ici.
L'hiver , - 30 degrés et routes enneigées , parfois impraticables
Retour le lendemain en 8 heures vers Uyuni , paysages à l'envers , qqes routes nouvelles , pique nique au bord d'un lac rose , montagnes environnantes ; les flamants s'éloignent à bonne distance.
Peu de mots s'échangent sur cette route du retour , mélange de fatigue , froid et altitude , et de fascination pour ces lieux uniques et sauvages , immuables et hostiles , dont nous ne fumes que de furtifs et ébahis contemplateurs . A eux l'éternité , horizons vers l'au delà .

LA PAZ

Qui connaît , qui parle de la capitale bolivienne , la plus élevée du monde , 3 640 mètres ?
Et bien c'est un tort
La ville est plus pauvre que ses 3 consoeurs du nord , la population beaucoup plus typée andine , toutes les femmes portent cette sorte de petit chapeau melon , la chola , et des vêtements très colorés.
Et elle est engoncée à l'ensemble de ses extrémités entre des parois très abruptes qui ont obligé à des constructions spectaculaires.
En 2014 , après décision d'Evo Morales , fut mis en service le plus grand téléphérique urbain au monde , construction austro suisse , Doppelmayr , 30 kms , 6 lignes , chacune symbolisée par une couleur , 500 000 passagers jour , désengorgement du trafic routier assuré , 6 m/s , ticket à 40 cts
J'achète un billet qui me permet de faire le tour complet de la ville , vues spectaculaires , rêve de photographe de survoler littéralement la capitale.
Les installations sont parfaites , cabines spacieuses , gares modernes
A midi déjeuner dans un restaurant expérimental , cuisine ouverte , légumes andins , desserts sophistiqués , le mien un churros chocolaté , préparés sous mes yeux : au minimum une étoile , 3 plats , 10 euros .
C'est plein , il faut réserver , logique et belle récompense pour les 8 cuisiniers et le chef qui s'affairent , midi uniquement : Bolivian Popular Food , Murillo 826
Il n'y a pas que le Pérou pour ravir et étonner gastronomiquement

Ce soir , 180 degrés nord
Retour en Colombie , Medellin via Bogota

Hasta pronto

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